Le silence régnait, la nuit était tombée. Dehors, des flocons tombaient doucement, virevoltant au gré du vent. Une jeune femme, agenouillée devant la fenêtre de sa chambre plongée dans l’obscurité, regardait le spectacle hivernal qui se jouait sous ses yeux. Puis levant les yeux au ciel, elle commença à prier. Une étoile filante passa. Cette nuit-là, une grave tempête s’abattit sur le village et la jeune femme disparut sans laisser de trace. Plus personne n’entendit parler d’elle.


     Je m’étirai longuement. Qu’est-ce que ça faisait du bien, une bonne sieste au soleil ! Je regardai autour de moi. Un champ ensoleillé, une douce brise, la simple nature vibrant au rythme de l’été. Je descendis et me dirigeai vers un ruisseau qui se trouvait à proximité. Lorsque j’arrivai au cours d’eau, je montai sur des rochers et me penchai au-dessus de l’eau qui s’écoulait. J’y plongeai les mains. L’eau était fraîche, c’était un vrai bonheur. Je passai mes mains mouillées sur ma nuque et frissonnai, surprise et excitée par ce froid qui venait rafraîchir ma peau brûlante. Je replongeai les mains dans l’eau et les remontai, puis bus un peu de l’eau que mes mains gardaient tant bien que mal. Je me levai et escaladai les rochers. 
Un peu plus au nord, l’eau était plus fraîche et plus claire. Elle formait un bassin calme dans lequel on pouvait se baigner. Sans que l’on sache pourquoi, ni comment, un arbre avait poussé en plein milieu de ce bassin. On pouvait sauter depuis ses branches, ou bien simplement se prélasser.  
Je montai sur l’une de ses branches, penchée au-dessus du bassin, à une trentaine de centimètre au-dessus de la surface lisse de l’eau sur laquelle un reflet se profilait. Celui d’une jeune fille de 10 ans qui ressemblait à un garçon avec sa casquette mise de travers sur sa tête et des mèches de cheveux qui sortaient ici et là, avec son T-shirt et son sweat sans manche mis n’importe comment, son pantacourt et ses baskets dont les lacets étaient négligemment noués. Pourtant, ce n’était qu’une apparence. Elle n’avait pas les cheveux courts comme elle le laissait penser, en cachant ses longs cheveux noués en tresse sous sa casquette. Sur son omoplate droite, elle avait une cicatrice. Elle ne se souvenait pas comment elle l’avait eu, mais cette marque était là, et avait probablement une signification quelconque. Son corps de fillette étant trop jeune pour avoir des formes féminines, on se méprenait souvent, la prenant pour un jeune garçon. Elle avait même appris à changer de voix pour copier celle d’un garçon de son âge. Ce n'était pas bien difficile. Le reflet me fixait de ses deux yeux bleus. Ce reflet était le mien. Je soupirai et frôlai la surface de l’eau avec ma main. L’eau se troubla, et mon reflet se dissipa. 
Je vis une forme apparaître et entendis un éclat de rire. Ce devait sûrement être une sirène. Une tête émergea hors de l’eau. Une petite tête à la chevelure argentée, avec des branchies et tout l’attirail des sirènes.

  - Salut Temoe ! fit la voix de la jeune sirène qui venait de sortir de l’eau.
  - Salut Miki ! Comment vas-tu ?
  - Bien ! Tu es venue pour jouer ?
  - Tu as tout compris ! On fait une partie de Bim ?
Le jeu du Bim était très simple, c’était un peu un mélange de cache-cache et de balle au prisonnier chez les humains. Au début de la partie, tous les joueurs partaient se cacher. Ils étaient à la fois des chasseurs, et des cibles. Il fallait trouver les autres et les toucher à l’aide d’une balle fournie par les sirènes et le dernier joueur à ne pas s’être fait avoir était le gagnant. Et bien sûr, cela se jouait sous l’eau. 
Je plongeai, la tête la première. Aussitôt, mon corps s’adapta et je pus respirer et nager de façon naturelle sous l’eau, de façon à être au même niveau que mon amie Miki. D’où me venait cette faculté de transformation ? Je n’en savais rien. Tout ce que je savais, c’est que c’était bien pratique et que ça m’avait sauvé de nombreuses fois. 
Le jeu commença. Je commençai à connaître Miki. Elle utilisait toujours la même tactique, cependant, pour ne pas être trop prévisible, elle en changeait lorsqu’elle jugeait que c’était le bon moment pour le faire. C’était donc simple de savoir par où elle allait arriver. A en juger à ma position, elle allait probablement tenter d’arriver par-dessus, sur ma droite, car c’était là qu’il y avait les meilleures cachettes pour espionner son ennemi et le surprendre. Je fis mine de baisser ma garde et de regarder à l’opposé. Je sentis alors un mouvement de l’eau à quelques mètres et me retournai, lançant ma balle. Je l’avais eu avant. Je lui fis un clin d’œil, elle haussa les épaules avec un sourire et me tendis ma balle. Si je ne me trompais pas, une autre sirène n’allait pas tarder à arriver. Je partis me cacher. Lorsqu’elle arriva, je parvins à la toucher par surprise. A la fin de la partie, que j’aurais gagnée si une sirène ne m’avait pas prise au moment où j’en touchais une autre, Miki vint me voir :
  - C’est quand même dingue…. Tu as le corps d’une fillette, mais tu as l’âge et l’intelligence d’une fille de 19 ans. Si je ne te connaissais pas comme je te connais maintenant, je n’y croirais pas une seconde. Tu es une surdouée, Temoe !
  - Non… Je ne suis pas une surdouée… Disons que c’est plus compliqué que ça.
Je sortis de l’eau, adressant un signe d’au-revoir à mes amies. Mon corps revint à la normale.
  - Ah ! Temoe ! Si tu veux savoir, nous avons reçu une sirène du Nord il y a peu. Elle nous a dit qu’il se passait des choses étranges là-bas. Tu devrais aller y jeter un coup d’œil si tu veux mon avis.
  -  Merci Miki !

Je retournai dans mon champ. Le soleil se couchait, et j’étais trempée. Il valait mieux que je rentre à la maison. Maison qui n’en était pas vraiment une à vrai dire. C’était une simple cabane que j’avais trouvée au beau milieu d’un bois deux ans auparavant. Ce n’était pas le grand luxe et en hiver, il faisait très froid, du fait que ce n’était qu’une simple cabane et que par conséquent, elle ne possédait aucune isolation. Mais au moins, j’avais un toit et un endroit où dormir. Je quittai mes vêtements que j’accrochai à une branche et en enfilai d’autres, puis je descendis en bas et fis un feu. Au repas de ce soir : Fruits des bois et légumes piqués dans un potager que j’avais trouvé par hasard l’automne dernier. Je les avais lavé dans l’eau de la rivière et les mangeai nature, ou cuit au feu de bois. Ce n’était pas des repas très élaborés, mais ça suffisait pour vivre. De temps en temps, je piquai un peu de viande que je trouvai chez des marchands, ou bien je chassai des petits animaux comme des lapins. 
Des choses étranges au Nord… ? Il fallait que j’aille voir. Cela faisait deux ans qu’il ne s’était rien produit, et c’était ma seule piste. Je partirai dans les deux prochains jours. « Déjà deux ans que je suis ici… » songeai-je. Je m’allongeai, regardant les quelques étoiles que je pouvais voir à travers les branches de l’arbre dans lequel se trouvait ma cabane. Cela faisait deux ans que je n’avais pas eu une seule piste. Allais-je la retrouver cette fois ? Cela faisait 8 ans que je ne l’avais pas revue. Est-ce qu’elle se souvenait encore de moi ?
  - Leena… murmurai-je, avant de partir dans les bras de Morphée.

   Je me réveillai le lendemain. Le feu était éteint, une couverture me tenait au chaud et le soleil brillait doucement. Vu sa position dans le ciel, il devait être quelque chose comme neuf heures du matin. Je me levai, m’étirai et montai jusqu’à la rivière pour me passer un peu d’eau sur le visage. Mes cheveux étaient détachés et complètement emmêlés. Avec la tresse, ils ondulaient doucement. Je retournai à la cabane où je me changeai, et rejoignis le village le plus proche, piquant quelques provisions. Lorsque mon sac fut rempli, je revins à la cabane pour prendre une carte et de quoi me changer. Je mis un T-shirt, un sweat sans manche et un short, puis refis ma tresse que je cachai de nouveau sous ma casquette. 
Le Nord… Je me rendis à la source et passai la main dans l’eau, comme hier. Miki fit surface et me salua énergiquement.
   - Salut Temoe !! Tu viens encore jouer ? demanda-t-elle en souriant
   - Désolée Miki, je viens seulement te demander des informations, par rapport aux choses étranges dont tu m’as parlé hier.
   - Et bien…. La sirène nous a expliqué que dans le village de Sarys, qui se trouve près d’une source où de nombreuses sirènes habitent, il y a d’étranges disparitions. Il parait que tout le monde est très agité là-bas.
   - Je vois. Le village de Sarys, tu as dit ? Je vais aller voir. Merci, Miki !
   - De rien Temoe ! Sois prudente ! J’espère qu’on se reverra !
Je lui souris et pris la route vers le Nord. Leena… Est-ce que nous allions enfin nous revoir là-bas ? 

La route vers le Nord était dangereuse. Elle traversait une forêt, puis un bout de montagne. C’était le parfait refuge des brigands, qui adoraient ce genre d’endroit pour créer des embuscades, se dissimuler et s’enfuir. Je devais faire attention, et me montrer plus maline qu’eux. Lorsque je serais à la forêt, il était hors de question de passer par le chemin normal. Pareil dans la montagne. C’était juste se jeter dans la gueule du loup. 
Au bout de quelques jours, j’arrivais à un petit village qui se nommait Amea. Il se trouvait près de la forêt. Je décidai de m’arrêter ici pour la nuit. A l’extérieur du village se trouvait un champ avec un arbre dans lequel il était facile de grimper, et dont les branches étaient bien placées. Je pourrais y dormir sans avoir peur de me casser la figure, et à l’abri des regards. 
Je pénétrai en ville. En chemin, j’avais réussi à soustraire quelques pièces à des voyageurs en jouant un peu la comédie. Je pourrais m’acheter deux ou trois trucs à manger. Arrivée à la boulangerie du village, j’entendis des habitants discuter. Ils parlaient d’une attaque qui avait eu lieu il y a peu en montagne. Le mari d’une des villageoises, qui était parti pour vendre des bibelots dans la grande ville qui se trouvait de l’autre côté de la montagne, s’était fait attaqué par les brigands et revenu les mains vides, et en sang. J’achetai du pain et demandai au vendeur :
   - Excusez-moi, connaissez-vous un chemin rapide pour aller au village de Sarys ?
   - Sarys ? Le seul moyen, c’est de traverser la forêt de Sensae, puis de couper par les montagnes de Mytevon. Tu tomberas sur une grande ville. Traverse là et va tout droit vers le Nord. Tu tomberas directement sur Sarys. Si tu as peur de te perdre, tu n’as qu’à suivre le cours d’eau qui traverse la grande ville. Il te conduira directement au village que tu cherches.
   - D’accord, merci.
   - Mais soyez prudent, bonhomme. Il y a de nombreux brigands qui traînent ces temps-ci, les routes ne sont plus sûres. Si tu voyages avec des marchands, dis leur bien de ne pas trop s’attarder et de faire gaffe.
Je sortis. Alors que je rangeai la précieuse nourriture dans mon sac, je m’aperçus que des badauds se réunissaient à l’extrémité de la ville. Je décidai d’aller y jeter un œil.
   - Ils m’ont tout pris… Même notre fille, Mei…
C’était un homme, agenouillé, en sang, les larmes coulant abondamment sur son visage. Une femme se tenait devant lui, horrifiée. Elle tomba à genoux à son tour et se mit à pleurer. Les villageois s’éloignèrent un par un, faisant profil bas, murmurant des « Pauvres gens… Même leur fille… ». Je soupirai. C’était navrant pour eux, c’était vrai. Mais ce monde était comme ça. Je retournai à l’extérieur de la ville. J’avais d’autres problèmes, pas vraiment le temps de m’occuper d’eux. Moi aussi, une personne à qui je tenais avait disparu. Je grimpai à l’arbre, mangeai un peu, et m’installai pour dormir.
   - Leena… Tu crois qu’ils vont la retrouver ? demandai-je doucement, attendant une réponse qui, je le savais, ne viendrait jamais. Je soupirai et fermai les yeux. Trouver le sommeil fut très dur cette nuit-là. 

Lorsque le soleil se leva le lendemain, je traversai le village et entamai mon chemin à travers la forêt de Sensae. Apparemment, les attaques avaient lieux dans la montagne. Ce qui signifiait probablement que le danger n’était pas présent dans la forêt. Toutefois, je restai méfiante. La forêt de Sensae n’était pas très dense, et plutôt bien éclairée. Il n’y avait pas d’animaux dangereux ici. Pas de loup, ni même d’ours. J’avais entendu dire qu’un groupe de centaure s’arrêtait ici parfois, pour reprendre des forces. Mais ils ne s’arrêtaient là qu’en automne. Il était un peu tôt pour espérer les voir, ou prier de ne pas leur tomber dessus. 
Les centaures étaient des êtres très intelligents et aussi respectés que les elfes. Leur faire affront, ou entrer sur leur territoire, c’était cependant signer son arrêt de mort. A moins d’avoir une très bonne raison pour l’avoir fait, ou d’avoir un ange gardien suffisamment aimable pour être protégés de leurs foudres. C’était sûrement les seuls êtres à craindre dans cette forêt. C’était peut-être parce qu’ils passaient par là que les brigands ne s’aventuraient pas ici. Ils avaient peur de tomber sur l’un d’eux par erreur. 
Soudain, des bruits me parvinrent. Des bruits de sabots à ce que j’avais pu en juger. Quelqu’un passait par là à cheval ? Je me cachai dans un arbre et attendit. Je ne voyais rien… Les bruits de sabot s’arrêtèrent. Je me penchai un peu au-dessus de la branche sur laquelle j’étais perchée, tentant d’apercevoir qui ça pouvait être. Mon mouvement fit tomber une feuille. Je n’y pris pas garde. Une flèche vient tout à coup se planter dans le tronc d’arbre sur lequel je me trouvai. En y regardant de plus près, l’arbre n’était pas la cible. C’était la feuille que j’avais faite tomber, qui dans sa chute s’était faite transpercée par la flèche et plaquée contre le tronc. Je frissonnai. Je savais que les centaures utilisaient des arcs et des flèches comme armes… Se pouvait-il qu’ils soient déjà là ? Dans tous les cas, j’étais repérée. Je ne devais pas rester ici. J’entendis un bruit… Ce n’était pas des sabots. C’était des bruits de pas humains. Même si c’était un humain, il était dangereux. Ce type avait entendu, ou même vu la feuille à une distance que je ne pouvais pas vraiment évaluer, mais qui n’était pas toute proche, et il l’avait transpercée pendant sa chute. Si ça avait été moi, je me serais retrouvée avec une flèche dans le cœur, fichée contre le tronc. Sauf que si je bougeai, si je sautai de l’arbre, il allait probablement tirer, et j’avais très peu de chance de m’en sortir. Que devais-je faire ? Mon cœur battait à cent à l’heure, et je sentais la panique me gagner peu à peu. Mais je devais rester calme. Oui, surtout, rester calme… Je respirai lentement et réfléchis. Y avait-il une échappatoire ? Si je marchais sur les branches et sautai de l’autre côté du tronc, il ne pourrait pas m’avoir, le tronc étant au milieu et l’empêchant de m’atteindre. Je bougeai doucement et posai un pied sur la branche d’à côté, puis l’autre. Je tremblai comme une feuille, c’était terrible. Je continuai ma progression doucement. Il se rapprochait. Je me concentrai sur la branche suivante, et au moment où je posai mon pied dessus, une voix masculine retentit.
   - Hé toi ! Qu’est-ce que tu fais là-haut ?
Surprise, je perdis l’équilibre et tombai. Je fermai les yeux, appréhendant l’atterrissage sur le sol. Cependant, ce n’est pas sur le sol que je tombai. Deux bras solides me rattrapèrent avant. J’ouvris les yeux, tremblante. Des cheveux noirs, des yeux sombres et un grand sourire. Probablement âgé d’une vingtaine d’années… Qui était ce type ?

J'avais échappé au fracas assourdissant sur le sol, rattrapée par ce type avec un grand sourire.
  -  Salut toi ! s'exclama-t-il. Tiens ? Mais tu es un mec... Moi qui espérais rattraper une jolie jeune fille...
Je toussai une ou deux fois et pris ma voix de garçon avant de répliquer :
  -  Si ça te dérange tant que ça, tu n'avais qu'à pas me rattraper. Pourquoi tu l'as fait d'ailleurs ?
  -  Je ne pouvais pas laisser quelqu'un qui a besoin d'aide sans rien faire.
  -  Ah oui ! Et si c'était moi qui avait sauté à la place de la feuille qui est tombée et que tu as fiché dans le tronc avec une flèche, tu crois que tu m'aurais aidé, là, peut-être ? grognai-je
Il me posa au sol.
  -  Excuse-moi si je t'ai fait peur. Mais dis-moi, qu'est-ce qu'un gamin dans ton genre fait par ici ? Ce n'est pas vraiment le meilleur endroit pour jouer. Tu ferais mieux de rentrer chez toi.
  -  Je ne joue pas, j'te signale ! J'étais en train de traverser la forêt avant que tu ne débarques ! Et puis qu'est-ce que ça peut te faire d'ailleurs ? Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
  -  Je vais sauver la jeune fille qui a été enlevée... Euh.... Son nom c'était quoi déjà ?
  -  ... Mei ?
  -  Oui, c'est ça ! Tu la connais ?
  -  Bien sûr que non. Je ne suis pas du village d'Amea. Je suppose que tu ne la connais pas non plus, vu que tu n'es même pas fichu de retenir un nom aussi simple. Pourquoi tu vas la sauver alors que tu ne la connais même pas ?
  -  Eh bien... Je te l'ai déjà dit, non ?
  -  Ah oui, tu ne peux pas laisser quelqu'un qui a besoin d'aide sans rien faire... marmonnai-je
  -  Dis-moi...
  -  Quoi ?
  -  Si tu n'es pas du village, alors que fais-tu ici ? Un gamin d'une dizaine d'année ne devrait pas traîner seul dans des endroits comme ça.
  -  Je vais au village de Sarys.
  -  Seul ?
  -  Quoi ? Ca te pose un problème ?
  -  C'est dangereux pour un gamin.
  -  Arrête de m'appeler comme ça ! J'ai un nom je te signale, je m'appelle Temoe !
  -  Temoe ? C'est pas un nom de fille ça ?
  -  C'est un nom mixte ! m'énervai-je
  -  Je vois... Moi, je m'appelle Rei. Enchanté Temoe. Ca te dit de faire le chemin avec moi ? Au moins, tu serais en sécurité.
Je réfléchis un instant. Vu son habileté au tir à l'arc, il avait peut-être raison...
  -  En plus, je vais à Sarys aussi, ajouta Rei.
  -  ... Très bien, j'accepte.
  -  Bien ! Allons-y, on a une jeune fille à sauver, avant !
Je soupirai. Si ce type avait une faiblesse, c'était probablement les filles. On retourna auprès de son cheval, qui l'attendait sagement en mangeant quelques rares pissenlits qui poussaient par là. Il me fit monter et asseoir derrière lui, près de la croupe de son fidèle destrier. Durant tout le chemin, il m'expliquait qu'il fallait être gentil, qu'une fille était fragile, etc... Je me retenais souvent de rire à toutes les bêtises qu'il pouvait déblatérer. Etant une fille, je savais probablement mieux que lui comment était une fille, ce qu'elle voulait ou non, ce qu'elle attendait d'un homme. Mais je le laissais parler. Peut-être qu'il finirait par dire un truc intéressant. Au bout de quelques heures, on arriva à l'autre bout de la forêt. Le chemin de montagne commençait ici. Maintenant, il allait falloir être prudent. A l'entrée du chemin de montagne, Rei m'ordonna d'attendre ici, avec son cheval.
  -  Je vais aller sauver... Euh...
  -  Mei, soupirai-je
  -  Oui, c'est ça, Mei. Bouge pas.
Le garçon partit et prit le chemin. Il allait se faire avoir comme un débutant. Peu convaincue, je le suivis, à dos de cheval. Comme je le pensais, le garçon se fit avoir. Je repartis en sens inverse, cherchant un sentier praticable, qui me permettrait de prendre les brigands par surprise. Lorsque j'en trouvai un, j'hésitai. Pourquoi faire ça ? Là, maintenant, j'avais l'opportunité de passer, puisque les brigands étaient probablement en train de s'occuper de lui. En plus, j'avais un cheval maintenant. Atteindre Sarys ne prendrait que quelques jours. Sans compter que cet idiot avait laissé son argent et ses vivres ici. Il n'avait pris que son arc et ses flèches. Je regardai le chemin. En plus, quand j'y réfléchissais, ce type aurait pu me tuer tout à l'heure avec ses flèches. Et il s'était bien moqué de moi avec son « J'espérais une jeune et jolie fille ». Je soupirai. Ce type allait être infernal si j'allais le sauver. Je pris le sentier praticable et cachai le cheval, avant de chercher prudemment le repère des brigands. J'escaladai sur plusieurs mètres. J'entendis des voix. Ils étaient tout près. Je redescendis et fouillai dans mon sac et celui de Rei. J'avais mes couteaux de lancer, dont je me servais pour chasser. Le cheval poussa ma tête avec mon museau, puis me désigna un sac accroché à sa selle. Je regardais à l'intérieur. Il y avait des bombes fumigènes et un lance-pierre, ainsi qu'un foulard. Qu'est-ce qu'un type pareil faisait avec ces jouets pour gamins ? Soudain, j'eus une idée. Finalement, ça allait peut-être être utile. Je les pris et les fourrai dans la poche de mon sweat, puis attachai le foulard autour de mon visage, de façon à recouvrir ma bouche et mon nez. Je remontai à l'endroit où je m'étais arrêtée. Les voix avaient disparues. J'avançais doucement. Alors que je regardais vers le bas, pour voir si je m'approchai de leur repère, une main saisit mon sweat et me souleva. Je ne touchai plus terre. Un brigand !
  -  Tiens tiens... Que fais un gamin ici ? Tu as perdu ta maman, gamin ? ricana l'homme
 Je ne pris pas le temps de lui répondre, sortis le lance-pierre et une des pierres que j'avais fourré dans mes poches et la lui balançait en pleine tête. Le type se mit à hurler et me lâcha, portant les mains à son visage. Je lui donnai un coup à l'arrière du genou, ce qui le fit basculer et tomber, puis lui assénai un grand coup sur la nuque. Il s'effondra au sol, assommé. 

Je grimpai plus haut le plus vite possible. Je m'aperçus alors que j'étais arrivée juste au-dessus de l'entrée de leur repère, situé dans une sorte de grotte. Je descendis discrètement. L'entrée était gardée par deux grandes armoires à glace. Pendant qu'ils regardaient ailleurs, je balançai un caillou dans la tête de celui qui était le plus éloigné de moi. Il se retourna et se mit à gronder :
  -  Hé, je peux savoir pourquoi tu viens de faire ça ?
  -  Faire quoi ? répondit l'autre, ignorant
  -  Fais pas l'innocent avec moi ! s'énerva le premier en s'approchant de l'autre garde.
  -  Mais j'ai rien fais !
  -  Ah ouais ? Et ce caillou que tu viens de me jeter dans la tête, c'était quoi alors ?
  -  Mais j'ai rien fais je te dit !
Il finit par se calmer. Le garde reprit sa position initiale. J'attendis un peu, puis voyant qu'ils regardaient de l'autre côté, je relançai un caillou dans la tête de l'homme le plus éloigné. Agacé, il s'approcha de l'autre garde et lui colla un coup de poing dans la figure. Cela dégénéra en bagarre, et le pauvre garde, qui n'avait rien fait, se fit assommer. Un autre sortit et disputa le premier garde pour son manque de contrôle.
  -  Bon. Je viens d'interroger l'autre idiot qui n'arrête pas de dire qu'il faut traiter les filles comme des princesses. Il n'a aucune richesse. C'est rien d'autre qu'un paumé.
  -  Ouais bah débarrasse-toi-en. On n'a pas besoin d'abruti comme lui, marmonna le garde.
Avec mon lance-pierre, je lançai une pierre qui atterrit dans la forêt, en face. A mon grand étonnement, j'entendis un « Aie ! » suivi de « Mais qui vient de me balancer cette pierre dans la figure ?!  On est attaqué ?!». Les deux brigands, sur leur garde, échangèrent un coup d'œil et s'approchèrent. A ce moment, je rentrai dans la grotte. Ils étaient encore nombreux dedans. Une dizaine. Ils me regardèrent tous avec un air féroce. Un, assis sur une chaise, éclata de rire et fit :
  -  Tiens, tiens... C'est intéressant... D'abord, on a la visite d'un mongole qui veut sauver la jeune fille en détresse, et maintenant un gamin haut comme trois pommes. Qu'est-ce que tu veux, minus ?
Je ne répondis pas et vis du coin de l'œil Rei et Mei. Je balançai les bombes fumigènes, courus jusqu'aux deux et les détachai, voulant les faire sortir. Cependant, une main me saisit le bras et me souleva.
  -  Tu croyais vraiment que c'était avec ça que t'allais nous avoir ? Pauvre gamin... fit le brigand qui avait rigolé.
Zut... Avec une seule main, je ne pouvais pas utiliser le lance-pierre ! Je pris un couteau de lancer et entaillai le bras de l'homme qui me tenait. Celui-ci me lâcha vivement, regarda son bras avant de me donner un coup de poing dans la figure. La force du coup de poing fit voler la foulard et la casquette. Ma tresse retomba mollement.
  -  Hé, mais c'est une fillette ! T'as du cran, gamine, de venir nous défier, rigola-t-il
Je répliquai :
  -  C'est pas parce que j'ai les cheveux longs que je suis une fille, idiot ! Ne juge pas sur l'apparence des autres !
Je me retournai et défis d'un trait les liens qui retenaient Rei et Mei prisonniers. Rei se leva et donna un grand coup de pied dans le ventre du brigand qui s'écroula. Il assomma deux ou trois autres hommes qui se dressaient sur son chemin avant de prendre son arc. Mei et moi sortîmes. Lorsque le garçon sortit à son tour, il gronda :
  -  Je croyais t'avoir demandé d'attendre ? Où est Shiro, mon cheval ?
  -  Il est un peu plus loin, sur un sentier à l'abri des regards. Tu t'es fais avoir comme un débutant, je ne pouvais pas rester là-bas à rien faire !
  -  On appelle ça une stratégie, un plan !
  -  Un idiot comme toi avait un plan ?
  -  Ne juge pas sur l'apparence des autres, répliqua-t-il
Mais... C'était ma réplique à moi, ça !! Il me regarda. Il était très sérieux. C'était la première fois que je le voyais aussi sérieux, c'était un peu inquiétant dans un sens. Le garçon me tendit ma casquette, que je remis avec ma tresse dissimulée dessous.
  -  Si tu n'aimes pas avoir les cheveux longs, pourquoi ne les coupes-tu pas plutôt que de les cacher ?
  -  Ca ne te regarde pas, répliquai-je sèchement. Ramenons cette fille chez elle et partons pour Sarys.
Rei soupira. On fit le chemin inverse sans trop de problèmes, si ce n'est les quelques brigands qui restaient que Rei immobilisaient au moyen d'une flèche dans la jambe. On arriva au village à la tombée de la nuit. Mei était ravie de retrouver ses parents et ceux-ci, pour nous remercier, nous suggérèrent de passer la nuit chez eux avant de reprendre notre route le lendemain. Rei accepta avec joie. Ils nous préparèrent une chambre d'invité avec un lit double, pendant qu'à tour de rôle, nous allions prendre un bon bain. Nous dinâmes dans un esprit de fête, puis on partit se coucher. Alors que je rejoignais la chambre des invités, Mei me fit un signe et m'invita à entrer dans sa chambre.
  -  Dis, Temoe... En réalité, tu es vraiment une fille, pas vrai ?
Je déglutis, puis répondis :
  -  Mais non, voyons, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je suis un garçon, un vrai, un dur de dur... !
  -  Pourtant, je t'ai entendue parler pendant que tu étais dans ton bain. Tu avais une voix plus aigüe et plus claire. Une voix de fille. En plus, Temoe, c'est un nom mixte, qui va aussi bien à une fille qu'à un garçon. Alors ?
J'étais démasquée.

J'avais échappé au fracas assourdissant sur le sol, rattrapée par ce type avec un grand sourire.
  -  Salut toi ! s'exclama-t-il. Tiens ? Mais tu es un mec... Moi qui espérais rattraper une jolie jeune fille...
Je toussai une ou deux fois et pris ma voix de garçon avant de répliquer :
  -  Si ça te dérange tant que ça, tu n'avais qu'à pas me rattraper. Pourquoi tu l'as fait d'ailleurs ?
  -  Je ne pouvais pas laisser quelqu'un qui a besoin d'aide sans rien faire.
  -  Ah oui ! Et si c'était moi qui avait sauté à la place de la feuille qui est tombée et que tu as fiché dans le tronc avec une flèche, tu crois que tu m'aurais aidé, là, peut-être ? grognai-je
Il me posa au sol.
  -  Excuse-moi si je t'ai fait peur. Mais dis-moi, qu'est-ce qu'un gamin dans ton genre fait par ici ? Ce n'est pas vraiment le meilleur endroit pour jouer. Tu ferais mieux de rentrer chez toi.
  -  Je ne joue pas, j'te signale ! J'étais en train de traverser la forêt avant que tu ne débarques ! Et puis qu'est-ce que ça peut te faire d'ailleurs ? Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
  -  Je vais sauver la jeune fille qui a été enlevée... Euh.... Son nom c'était quoi déjà ?
  -  ... Mei ?
  -  Oui, c'est ça ! Tu la connais ?
  -  Bien sûr que non. Je ne suis pas du village d'Amea. Je suppose que tu ne la connais pas non plus, vu que tu n'es même pas fichu de retenir un nom aussi simple. Pourquoi tu vas la sauver alors que tu ne la connais même pas ?
  -  Eh bien... Je te l'ai déjà dit, non ?
  -  Ah oui, tu ne peux pas laisser quelqu'un qui a besoin d'aide sans rien faire... marmonnai-je
  -  Dis-moi...
  -  Quoi ?
  -  Si tu n'es pas du village, alors que fais-tu ici ? Un gamin d'une dizaine d'année ne devrait pas traîner seul dans des endroits comme ça.
  -  Je vais au village de Sarys.
  -  Seul ?
  -  Quoi ? Ca te pose un problème ?
  -  C'est dangereux pour un gamin.
  -  Arrête de m'appeler comme ça ! J'ai un nom je te signale, je m'appelle Temoe !
  -  Temoe ? C'est pas un nom de fille ça ?
  -  C'est un nom mixte ! m'énervai-je
  -  Je vois... Moi, je m'appelle Rei. Enchanté Temoe. Ca te dit de faire le chemin avec moi ? Au moins, tu serais en sécurité.
Je réfléchis un instant. Vu son habileté au tir à l'arc, il avait peut-être raison...
  -  En plus, je vais à Sarys aussi, ajouta Rei.
  -  ... Très bien, j'accepte.
  -  Bien ! Allons-y, on a une jeune fille à sauver, avant !
Je soupirai. Si ce type avait une faiblesse, c'était probablement les filles. On retourna auprès de son cheval, qui l'attendait sagement en mangeant quelques rares pissenlits qui poussaient par là. Il me fit monter et asseoir derrière lui, près de la croupe de son fidèle destrier. Durant tout le chemin, il m'expliquait qu'il fallait être gentil, qu'une fille était fragile, etc... Je me retenais souvent de rire à toutes les bêtises qu'il pouvait déblatérer. Etant une fille, je savais probablement mieux que lui comment était une fille, ce qu'elle voulait ou non, ce qu'elle attendait d'un homme. Mais je le laissais parler. Peut-être qu'il finirait par dire un truc intéressant. Au bout de quelques heures, on arriva à l'autre bout de la forêt. Le chemin de montagne commençait ici. Maintenant, il allait falloir être prudent. A l'entrée du chemin de montagne, Rei m'ordonna d'attendre ici, avec son cheval.
  -  Je vais aller sauver... Euh...
  -  Mei, soupirai-je
  -  Oui, c'est ça, Mei. Bouge pas.
Le garçon partit et prit le chemin. Il allait se faire avoir comme un débutant. Peu convaincue, je le suivis, à dos de cheval. Comme je le pensais, le garçon se fit avoir. Je repartis en sens inverse, cherchant un sentier praticable, qui me permettrait de prendre les brigands par surprise. Lorsque j'en trouvai un, j'hésitai. Pourquoi faire ça ? Là, maintenant, j'avais l'opportunité de passer, puisque les brigands étaient probablement en train de s'occuper de lui. En plus, j'avais un cheval maintenant. Atteindre Sarys ne prendrait que quelques jours. Sans compter que cet idiot avait laissé son argent et ses vivres ici. Il n'avait pris que son arc et ses flèches. Je regardai le chemin. En plus, quand j'y réfléchissais, ce type aurait pu me tuer tout à l'heure avec ses flèches. Et il s'était bien moqué de moi avec son « J'espérais une jeune et jolie fille ». Je soupirai. Ce type allait être infernal si j'allais le sauver. Je pris le sentier praticable et cachai le cheval, avant de chercher prudemment le repère des brigands. J'escaladai sur plusieurs mètres. J'entendis des voix. Ils étaient tout près. Je redescendis et fouillai dans mon sac et celui de Rei. J'avais mes couteaux de lancer, dont je me servais pour chasser. Le cheval poussa ma tête avec mon museau, puis me désigna un sac accroché à sa selle. Je regardais à l'intérieur. Il y avait des bombes fumigènes et un lance-pierre, ainsi qu'un foulard. Qu'est-ce qu'un type pareil faisait avec ces jouets pour gamins ? Soudain, j'eus une idée. Finalement, ça allait peut-être être utile. Je les pris et les fourrai dans la poche de mon sweat, puis attachai le foulard autour de mon visage, de façon à recouvrir ma bouche et mon nez. Je remontai à l'endroit où je m'étais arrêtée. Les voix avaient disparues. J'avançais doucement. Alors que je regardais vers le bas, pour voir si je m'approchai de leur repère, une main saisit mon sweat et me souleva. Je ne touchai plus terre. Un brigand !
  -  Tiens tiens... Que fais un gamin ici ? Tu as perdu ta maman, gamin ? ricana l'homme
 Je ne pris pas le temps de lui répondre, sortis le lance-pierre et une des pierres que j'avais fourré dans mes poches et la lui balançait en pleine tête. Le type se mit à hurler et me lâcha, portant les mains à son visage. Je lui donnai un coup à l'arrière du genou, ce qui le fit basculer et tomber, puis lui assénai un grand coup sur la nuque. Il s'effondra au sol, assommé. 

Je grimpai plus haut le plus vite possible. Je m'aperçus alors que j'étais arrivée juste au-dessus de l'entrée de leur repère, situé dans une sorte de grotte. Je descendis discrètement. L'entrée était gardée par deux grandes armoires à glace. Pendant qu'ils regardaient ailleurs, je balançai un caillou dans la tête de celui qui était le plus éloigné de moi. Il se retourna et se mit à gronder :
  -  Hé, je peux savoir pourquoi tu viens de faire ça ?
  -  Faire quoi ? répondit l'autre, ignorant
  -  Fais pas l'innocent avec moi ! s'énerva le premier en s'approchant de l'autre garde.
  -  Mais j'ai rien fais !
  -  Ah ouais ? Et ce caillou que tu viens de me jeter dans la tête, c'était quoi alors ?
  -  Mais j'ai rien fais je te dit !
Il finit par se calmer. Le garde reprit sa position initiale. J'attendis un peu, puis voyant qu'ils regardaient de l'autre côté, je relançai un caillou dans la tête de l'homme le plus éloigné. Agacé, il s'approcha de l'autre garde et lui colla un coup de poing dans la figure. Cela dégénéra en bagarre, et le pauvre garde, qui n'avait rien fait, se fit assommer. Un autre sortit et disputa le premier garde pour son manque de contrôle.
  -  Bon. Je viens d'interroger l'autre idiot qui n'arrête pas de dire qu'il faut traiter les filles comme des princesses. Il n'a aucune richesse. C'est rien d'autre qu'un paumé.
  -  Ouais bah débarrasse-toi-en. On n'a pas besoin d'abruti comme lui, marmonna le garde.
Avec mon lance-pierre, je lançai une pierre qui atterrit dans la forêt, en face. A mon grand étonnement, j'entendis un « Aie ! » suivi de « Mais qui vient de me balancer cette pierre dans la figure ?!  On est attaqué ?!». Les deux brigands, sur leur garde, échangèrent un coup d'œil et s'approchèrent. A ce moment, je rentrai dans la grotte. Ils étaient encore nombreux dedans. Une dizaine. Ils me regardèrent tous avec un air féroce. Un, assis sur une chaise, éclata de rire et fit :
  -  Tiens, tiens... C'est intéressant... D'abord, on a la visite d'un mongole qui veut sauver la jeune fille en détresse, et maintenant un gamin haut comme trois pommes. Qu'est-ce que tu veux, minus ?
Je ne répondis pas et vis du coin de l'œil Rei et Mei. Je balançai les bombes fumigènes, courus jusqu'aux deux et les détachai, voulant les faire sortir. Cependant, une main me saisit le bras et me souleva.
  -  Tu croyais vraiment que c'était avec ça que t'allais nous avoir ? Pauvre gamin... fit le brigand qui avait rigolé.
Zut... Avec une seule main, je ne pouvais pas utiliser le lance-pierre ! Je pris un couteau de lancer et entaillai le bras de l'homme qui me tenait. Celui-ci me lâcha vivement, regarda son bras avant de me donner un coup de poing dans la figure. La force du coup de poing fit voler la foulard et la casquette. Ma tresse retomba mollement.
  -  Hé, mais c'est une fillette ! T'as du cran, gamine, de venir nous défier, rigola-t-il
Je répliquai :
  -  C'est pas parce que j'ai les cheveux longs que je suis une fille, idiot ! Ne juge pas sur l'apparence des autres !
Je me retournai et défis d'un trait les liens qui retenaient Rei et Mei prisonniers. Rei se leva et donna un grand coup de pied dans le ventre du brigand qui s'écroula. Il assomma deux ou trois autres hommes qui se dressaient sur son chemin avant de prendre son arc. Mei et moi sortîmes. Lorsque le garçon sortit à son tour, il gronda :
  -  Je croyais t'avoir demandé d'attendre ? Où est Shiro, mon cheval ?
  -  Il est un peu plus loin, sur un sentier à l'abri des regards. Tu t'es fais avoir comme un débutant, je ne pouvais pas rester là-bas à rien faire !
  -  On appelle ça une stratégie, un plan !
  -  Un idiot comme toi avait un plan ?
  -  Ne juge pas sur l'apparence des autres, répliqua-t-il
Mais... C'était ma réplique à moi, ça !! Il me regarda. Il était très sérieux. C'était la première fois que je le voyais aussi sérieux, c'était un peu inquiétant dans un sens. Le garçon me tendit ma casquette, que je remis avec ma tresse dissimulée dessous.
  -  Si tu n'aimes pas avoir les cheveux longs, pourquoi ne les coupes-tu pas plutôt que de les cacher ?
  -  Ca ne te regarde pas, répliquai-je sèchement. Ramenons cette fille chez elle et partons pour Sarys.
Rei soupira. On fit le chemin inverse sans trop de problèmes, si ce n'est les quelques brigands qui restaient que Rei immobilisaient au moyen d'une flèche dans la jambe. On arriva au village à la tombée de la nuit. Mei était ravie de retrouver ses parents et ceux-ci, pour nous remercier, nous suggérèrent de passer la nuit chez eux avant de reprendre notre route le lendemain. Rei accepta avec joie. Ils nous préparèrent une chambre d'invité avec un lit double, pendant qu'à tour de rôle, nous allions prendre un bon bain. Nous dinâmes dans un esprit de fête, puis on partit se coucher. Alors que je rejoignais la chambre des invités, Mei me fit un signe et m'invita à entrer dans sa chambre.
  -  Dis, Temoe... En réalité, tu es vraiment une fille, pas vrai ?
Je déglutis, puis répondis :
  -  Mais non, voyons, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je suis un garçon, un vrai, un dur de dur... !
  -  Pourtant, je t'ai entendue parler pendant que tu étais dans ton bain. Tu avais une voix plus aigüe et plus claire. Une voix de fille. En plus, Temoe, c'est un nom mixte, qui va aussi bien à une fille qu'à un garçon. Alors ?
J'étais démasquée.

c'est le moment des sirènes lumineuses où elles vont dans les 5ème profondeurs (j'ai eu du mal à comprendre d'ailleurs au début)