Réminiscence
« Bip. Bip. Biiiiiip…
- Vite ! Apportez un défibrillateur ! On le perd !
Biiiiiip… Bip. Bip. »
Le jeune homme se réveilla en sursaut. Il était étendu sur un tapis molletonné gris, au beau milieu d’un salon qui ne lui était pas inconnu. Il s’assit et se mit à réfléchir. Il ne se souvenait de rien. Où était-il ? Comment avait-il atterrit ici ? Et puis d’abord : qui était-il ? Il ne se rappelait de rien, pas même de son prénom ! Il cessa cependant de cogiter car toutes ces questions sans réponse lui donnaient un affreux mal de tête. Le jeune homme décida donc de se mettre en quête d’une aspirine pour calmer sa douleur. La maison où il se trouvait se composait de deux étages. Au rez-de-chaussée : un grand salon style loft, une cuisine moderne et une salle à manger contrastant fortement avec les deux pièces précédente grâce à son aspect ancien. Le premier étage comportait lui, deux chambres avec salle de bain et une porte menant à une pièce inconnue. En effet sa visite s’arrêta là puisqu’il avait enfin trouvé l’objet de sa quête. Après être redescendu à la cuisine avec la boite d’aspirine dans les mains, il prépara un grand verre d’eau et pris deux cachets. Puis, il s’approcha de la fenêtre pour tenter d’identifier les lieux mais il constata qu’un épais brouillard lui coupait la vue. Enfin, il retourna au salon pour s’allonger le temps que les médicaments fassent effet. Le jeunot ferma les yeux et s’endormit instantanément.
- « Docteur, l’état du patient s’est nettement amélioré et stabilisé.
- Bien. Lancez donc des recherches pour contacter un membre de sa famille pouvant lui rendre visite.
- Oui docteur »
Le jeune homme fut réveillé quelques heures plus tard par un poids s’étant posé sur ses pieds. Durant sa sieste, il avait fait un rêve étrange. Il était face à une grille, un poème résonnait et l’attirait irrémédiablement de l’autre coté de la grille. Il avait donc longé cet immense portail dans l’espoir d’y trouver une porte. Il avait marché ce qui lui sembla être des heures mais sans succès. Il était épuisé lorsqu’au loin il aperçu une boule de poils noir. Elle venait vers lui. C’était un chaton, il le prit dans ses bras. C'est à ce moment là que le poids s'était posé sur ses pieds, le réveillant. Et le chat était là, lové à moitié sur lui et à moitié sur le sofa. L’inconnu se redressa, le pris sur ses genoux et le caressa. Il ne se sentait pas du tout reposé mais au moins il n’avait plus mal à la tête. Le félin sauta à terre, se dirigea vers les escaliers avant de se retourner et de pousser un miaulement aigu. L’homme compris que le chaton voulait qu’il le suive alors il s’exécuta. Il grimpa l’escalier et marcha sur les pas de l’animal jusque devant la pièce inconnue. Le chat était assis et attendait que la porte s’ouvre. Le jeune homme s’avança, attrapa la poigné et la tourna avant de pousser le panneau de bois. Dès qu’il eu accès à la pièce, le chat se faufila dedans pour s’installer dans un fauteuil situé dans un coin. L’homme passa l’entrée et écarquilla les yeux, il se trouvait dans une immense bibliothèque. Elle était au moins aussi grande que le rez-de-chaussée. Le nombre de livre présent était vertigineux. Il y avait une grande table de travail au milieu de la pièce, quelques fauteuils entre les étagères et un bureau dans le fond. L’inconnu s’approcha de la table et découvrit dessus une unique feuille de papier. Ce poème. Le même que dans son rêve était signé Nathaniel Quarter. Soudain, il eut un flash-back. Il était là, assit à cette table. Derrière lui, une magnifique femme qui l’appelait, qui lui parlait. Mais lui, il écrivait un poème, pas ce poème récurent et désolant, un autre poème emplis d’amour. Il écrivait, ne prêtant même pas attention à cette femme. Elle l’appela une dernière fois « Nath » alors qu’il signait un poème. Puis plus rien, juste la table de bois devant ses yeux.
Le chaton se mit à miauler, ce qui le sortit de sa torpeur. Le félin se dirigea vers la porte. « Tu dois avoir faim » pensa Nathaniel qui rejoignit le chat à la cuisine et chercha de quoi le nourrir. Il trouva rapidement une quantité phénoménale de boite pour chat dans le placard sous l’évier. Il prit une boite et en vida la moitié dans une coupelle qu’il déposa sur le plan de travail. Le chat grimpa sur la surface et se mit à dévorer goulûment son repas. Il le regarda faire et se mit à l’envier. Lui ne ressentait rien, ni faim, ni soif, ni froid. Absolument rien. Il sortit de la cuisine et alla se reposer sur le sofa. Il était extenué. Alors qu’il commençait à s’endormir, le chat vint le rejoindre pour faire sa toilette et sa sieste quotidienne.
« Nous avons fait quelques recherches mais n’avons malheureusement pas trouvé de membres de sa famille, ni même d’amis proches. La dernière personne qui le connaissait intimement était une jeune femme qui s’est suicidée pour des raisons inconnues, il y a cinq ans… »
Une heure plus tard Nathaniel se réveilla et décida de ne plus perdre une minute en futilité. Il voulais retrouver sa mémoire. Il prit le chat dans ses bras et monta à la bibliothèque. Arrivé à destination, il lâcha le chaton qui alla se lover dans un fauteuil confortable, près de la table de travail. Nath décida de fouiller le bureau avant tout, s’il y avait des papiers administratifs, ils seraient sûrement là-bas. Le bureau avait trois tiroirs. Il ouvrit le premier et découvrit un porte-document contenant des factures de loyer, d’eau et d’électricité. Cependant, toutes les adresses ne correspondaient pas, durant deux ans les factures étaient envoyées à un appartement dans un certain bâtiment. Ensuite, elles furent envoyées vers ce qui s’apparentait à une villa. Vers la fin du porte-document se trouvaient la confirmation d’un emprunt dans une grande banque et un acte de vente, à son nom, d’une villa. Il en conclu qu’il avait vécu un certain temps dans un appartement et qu’il avait, par la suite, acheter cette petite villa pour une raison encore inconnue. Le deuxième tiroir, lui, ne contenait rien d’administrativement intéressant. Cependant, à la vue du nombre phénoménal de poèmes présents, il comprit que la poésie n’était pas juste un hobby, mais au moins une véritable passion. Enfin, il y avait un album photo dans le dernier tiroir. Cet album paraissait surdimensionné comparé au porte-document des factures. Il faisait presque dix centimètres d’épaisseur et devait contenir des centaines de photos. Il l’ouvrit. La première chose qu’il vit fut cette superbe femme pleine de vitalité. Lui aussi était là, souriant, il regardait cette femme amoureusement. Au fil des pages et des photographies, l’amour entre ces deux êtres semblait plus intense, comme si celui-ci ne connaissait pas de limite. Une phrase lui revint en tête, c’était la réponse à une question qu’il avait posé. « Je prend des photos pour ne jamais oublier les meilleurs moments de ma vie. », voilà ce qu’elle lui avait répondu. Arrivé à la moitié de l’album, le cœur de Nathaniel était serré et il retenait ses larmes. Il tourna enfin la dernière page de l’album. Il découvrit une chose à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Une photo accompagnée d’une petite note qui le fit fondre en larme. Il s’endormit épuisé d’avoir tant pleuré.
- « Docteur ! Le patient rechute ! Cette fois ci son cœur s’emballe !
- Apportez le défibrillateur vite !
- Bien docteur ! Ca y est, son rythme cardiaque est redevenu normal. »
Lorsqu’il ouvrit les yeux, il avait la tête sur ses bras croisés et le chaton face à lui. Il semblait s’inquiéter pour l’humain. Le félin miaula comme pour lui demander s’il allait bien, puis s’en retourna faire son petit chemin de vie. Le jeune homme se redressa et retrouva la photographie près de sa main droite. Cette photo en disait tant sur ce qu’il avait éprouvé et qu’il éprouvait encore à ce jour. Cette femme, il l’avait aimé plus que tout au monde, cette image en était la preuve. La sublime bague de mariage tout d’or et de diamants qu’il comptait acheter. Cette note « Future bague de mariage pour Alisa » en disait tellement. Il connaissait son prénom, il l’avait toujours su. Non il ne l’avait pas oublié, juste perdu dans le brouillard que formaient ses souvenirs. Mais maintenant, il l’avait retrouvé et n’allait pas le lâcher. Nathaniel décida de garder cette photo sur lui, après tout elle lui avait permis de retrouver un morceau tellement important de sa mémoire. Alisa était la personne la plus importante de sa vie, maintenant il le savait. Il comprit qu’il avait acheté cette maison pour vivre avec elle, cependant, depuis son réveil dans cette demeure, il ne l’avait pas croisé. Cela était bien étrange puisqu’ils étaient censés vivre ensemble. Puis il y avait aussi ce poème dont les mots s’entrechoquaient dans sa tête, et dont il ne connaissait pas la signification. Il attrapa alors la photo du bout des doigts et tira délicatement le papier. Lorsqu'enfin elle fut sortie de sa pochette, quelque chose qui l’accompagnait glissa sous le bureau. Nath plia la photographie en deux et la mis dans la poche de son jean. Il se baissa ensuite pour ramasser ce qui venait de s’échapper de l’album photo. Le jeune homme attrapa un bout de papier qui semblait être découpé dans je ne sais quel livre, journal ou magasine. Il se releva alors, et se mit à la lumière pour déchiffrer cet article qu’il reconnu grâce à sa forme si particulière. Le morceau de papier était difficilement lisible car parsemé de tache, ça et là, qui avaient détérioré la forme des lettres, de l’eau peut être ? Il parvint, après de nombreux efforts, à décoder le titre de l’article de journal « Mort mystérieuse à la villa des … » Quelqu’un est mort ici ?! Intrigué par ce titre énigmatique, Nathaniel fit un nouvel effort pour décrypter le corps du document. « Un jour de brouillard… suicide chez les… jeune fille d’une vingtaine d’année… » Les mots de ce texte auparavant si lisible fusaient dans sa tête. Il semblait en connaître chaque phrase, chaque mot et chaque lettre. Pourquoi donc ? Enfin vers le milieu, un nom lui sauta à la figure « …Alisa… » . Nathaniel crut avoir mal lu ce passage, il le reprit donc plusieurs fois. Il tenta de trouver un sens caché à ces mots, une combine de journaliste qui modifierait tout le sens de la phrase, mais rien n’y faisait. Le sens ne changeait pas, aucun moyen de lire ce qui n’était pas. Le jeune homme n’en revenait pas alors qu’il venait tout juste de retrouver son prénom, de se rappeler de son amour brûlant pour elle, elle ne pouvait pas être déjà morte ! Le Destin semblait s’acharner sur lui, il le tenait en main et il ne voulait pas encore le lâcher. Il avait trouvé un jouet, il riait de lui, mais ce n’était pas drôle. Se réveiller dans une maison sans mémoire, faire des pieds et des mains pour tenter de retrouver des bribes de souvenirs, et lorsqu’on les a enfin recouvré en partie, tout perdre, une seconde fois. Etre obligé de tout recommencer encore une fois, oublier sa douleur, sa peine et sa haine. Non, ce n’était pas drôle. Le Destin était si cruel...
Un excès de folie le pris, il laissa tomber l’article qu’il n’avait d’ailleurs pas fini de lire, sortit en trombe de la bibliothèque, il dévala les escaliers, se précipita vers la porte d’entrée qu’il ouvrit à la voler, il s’engagea dehors. Alors qu’il s’attendait à se retrouver dans un brouillard à couper au couteau, il atterrit face à la porte qu’il venait de franchir. Face à la porte ?! Il essaya une seconde fois de la franchir, mais de nouveaux il arriva face à l’entrée, dans l’ouverture séparant le hall et le salon. Il tenta une troisième, une quatrième, une énième fois, mais toujours le même résultat. Que se passait-il dans cette maudite maison ?! Il s’en retourna alors vers le salon, ouvrit grand une des fenêtres, monta sur le rebord et sauta. Il réapparut au même endroit, toujours le même. Mais que se passait-il ? Etait-il en train de rêver ? Il se pinça alors pour en avoir la confirmation, il se fit mal. Il n’était donc pas en train de rêver, ou bien était-ce un rêve éveillé. C’était une blague. Où étaient les caméras ? Il se mit à chercher frénétiquement des cameras qui n’existaient pas. Il avait perdu toute raison, il ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait. Mais, depuis combien de temps était-il ici déjà ? Un jour, une semaine, un mois ? Il n’avait plus aucune notion du temps non plus. Sa tête lui tournait, sa vision se troubla, il n’y voyait plus rien, il tomba à la renverse, paralysé par la peur. Ses membres ne répondaient plus, il avait chaud très chaud, il avait l’impression de brûler à l’intérieur de son corps. Alors pourquoi avait-il la chaire de poule ? Pourquoi ces sueurs froides sur son front ? Il ne savait pas. Il ne savait plus rien après tout. On lui avait pris tout ce qu’il avait, ses souvenirs, sa bien aimée, sa liberté. Son souffle était haletant, court, saccadé. Son cœur palpitait tellement fort qu’il pourrait en exploser. Le sang affluait dans son cerveau, mais rien n’y faisait, sa vision restait toujours brouillée. Maintenant, il tremblait, de tous ses membres. Il ne pouvait s’arrêter. Il se rétracta sur lui-même, en chien de fusil, et attendit que cela passe. Le chaton arriva à se moment là, Nathaniel ne le vit pas, ne l’entendit pas, ne le sentit pas, mais tout ce stress, toute cette peur s’envola peu à peu. Le félin avait une patte déposée sur le bras du jeune homme, il semblait avoir chassé cette mauvaise aura. Nath se sentit alors beaucoup mieux, une douceur l’envahit progressivement. Elle chauffait ses muscles, ses organes. Sa vue était revenue, il en était de même pour son odorat, son toucher et le contrôle de ses membres. Il se sentait bien. Enfin arriva une détermination, une irrépressible envie de comprendre pourquoi Alisa s’était suicidée. D’après ses souvenirs, cela n’était pas mentionné dans l’article. Il devrait donc se débrouiller seul pour résoudre ce mystère. Mais il était déterminé, il y arriverait, il en était persuadé. Il avait le sentiment que tous ses problèmes provenaient de là. Il se devait donc de résoudre cette énigme. Le chat avait toujours sa patte sur le garçon, il maintenait son regard, à ce moment là, Nathaniel cru avoir en face de lui une femme dont le regard doux apaise le cœur d'un homme. Il détourna enfin le regard et attrapa le chaton pour le caresser. Il était tellement doux, cela rassurait terriblement Nath de le câliner. Sa tête tomba sur le côté et un profond sommeil s'empara de lui. Toute cette histoire l'épuisait mentalement et il ne pouvait rien y faire…
- "Docteur, que faisons-nous ? Nous ne lui avons toujours pas trouvé de famille ni d'amis.
- Et bien que voulez-vous faire de plus ? Gardez le donc branché, il se réveillera peut être un jour ma foi…"
Encore une fois, ce fut d'un sommeil non réparateur dont Nathaniel se réveilla. Le jeune homme se dit alors que si cela continuait ainsi, il ne tiendrait pas le coup. Durant son sommeil peu agité, il lui était apparu ce qui lui semblait être un souvenir. Alors qu'il rentrait dans la bibliothèque, il surprit Alisa à la table de travail, écrivant sur un livre dont il ne reconnut pas la couverture un fois qu'elle l'eut fermé. Un peu gênée, Alisa s'était échappée discrètement dans les entrailles de la bibliothèque en tenant fermement son écrit dans les bras. Lorsqu'elle était ressortie, elle n'avait plus son livre sur elle. Nath se demanda quel était ce livre. Pourquoi ne lui avait-il pas posé la question à ce moment là ? Encore un mystère… Il réfléchit posément à la question. Quel genre de livre une femme peut-elle écrire et cacher à son mari ? Cette question le torturait, il était un homme lui, comment pouvait-il savoir ?! Poursuivant ses réflexions, il se mit en marche vers la bibliothèque puisque c'était certainement là que ce livre était rangé. Il arriva à destination et c'est alors qu'une nouvelle question fusa dans sont esprit : comment trouver un livre parmi des milliers de livres ? Nathaniel était désespéré, il cherchait un livre dont il ne connaissait pas le contenu parmi des milliers d'autres livres dont il n'en savait pas plus. Cela pourrait lui prendre des jours de trier tous ces foutus bouquins dont il n'avait rien à faire pour trouver celui qui l'intéressait ! Il se laissa piteusement tomber sur le fauteuil, faisant sursauter le chaton qui se trouvait juste à côté. Le chat… Mais oui, le chat ! C'est lui qui l'avait emmené ici, il lui avait montré le chemin d'un de ses souvenir, alors peut être pourrait-il l'aider à trouver ce fameux livre ! Le jeune homme attrapa le chat sous les pattes avant, tendis les bras pour pouvoir le regarder dans les yeux, et lui demanda de lui montrer où se cacher le livre de son rêve. Le félin le regardait, ne semblant pas comprendre un piètre mot de ce que ce drôle d'humain lui avait raconté. Le poète compris que sa tentative désespérée ne le mènerait nulle part, il s'excusa auprès du chat de l'avoir dérangé dans son sommeil et le reposa délicatement sur le fauteuil. Le chaton sauta à terre et s'assit. Il fit un brin de toilette, tourna la tête en direction de l'humain et miaula longuement. "Tu as encore faim !" pensa Nathaniel qui se leva pour aller nourrir l'animal. Alors qu'il s'apprêtait à sortir, l'animal tourna brusquement sur la gauche, puis sur la droite. Curieux de savoir où il se dirigeait, Nath le suivit et s'enfonça de plus en plus au cœur de la bibliothèque. Il faisait de plus en plus sombre et les étagères étaient de plus en plus serrées. Enfin le félin s'assit face à une étagère, le regard fixe. Nath observa ce mur de livre qui ressemblait en tout point aux autres murs de livres. Pourquoi s'était-il arrêté devant celui là et pas devant un autre ? Pourquoi le fixait-il ainsi ? Le jeune homme réfléchit aux dernières actions qu'il avait faites et au comportement étrange du chat. "Non, ce n'est pas possible, tu ne peux pas m'avoir compris, tu es un chat bon sang…" pensa fortement Nathaniel. Le chaton poussa un profond et lourd miaulement comme s'il avait été blessé pas les pensées de l'humain.
L'éphèbe se tourna alors vers cette étagère et entreprit de les ouvrir un par un pour en examiner le contenu. Cette section de la bibliothèque semblait dédier aux plus grands poètes de l'histoire. Tous les livres amassaient ici était des biographies ou des autobiographies de ces grandes personnes ayant joué un rôle si important dans l'histoire. Une vingtaine de livre plus tard, le jeune homme abandonna l'idée d'examiner tous ces livres, il n'avait pas de temps à perdre pour ça. Il songea donc à réduire son champ de recherche de manière logique. Il repensa alors à son rêve, dedans, il avait minutieusement étudié la couverture de ce livre et une chose l'avait perturbé : sa couleur et ses graphismes. En effets, sa bibliothèque était peuplée de livre aux couvertures monotones dans des tons noir et marrons. Or ce livre là, était de couleur rouge sang et de nombreuses arabesques couvraient la première de couverture ainsi que le dos. Nath réduit donc son champ de recherche aux livres à couverture rouge qui étaient d'ailleurs peu présent dans cette étagère. Ce fut donc assez rapidement qu'il tomba sur le dit livre. Au toucher de sa couverture, un malaise envahit le jeune homme. Son cœur se serra sachant qu'il avait enfin trouvé les pensées les plus intimes et profondes de sa défunte dulcinée. Réticent à ouvrir cette ouvrage, il décida d'aller s'installer sur la table de travail ou la lumière était plus accueillante que l'endroit où il se trouvait actuellement. Le chaton prit les devant et guida Nathaniel à l'extérieur de ces rangées sombres. De retour auprès de la lumière chatoyante, le jeunot s'installa sur la table, ouvrit la première page du journal intime et commença à lire. La date du premier écrit correspondait à l'arrivé dans cette villa. Le récit y était poétique et léger à lire. On sentait la passion qui prenait l'auteur à chaque lettre inscrite, à chaque mot calligraphié. Rien n'était laissé au hasard, toutes les phrases étaient minutieusement rédigées pour tenter d'exprimer clairement un sentiment qui ne s'exprime pas : l'amour dévorant et brulant. Puis du jour au lendemain, le récit changea radicalement. Au lieu de l'agréable écriture calligraphié se trouvé un immonde tas d'encre griffonné avec rage. Le stylo avait été appuyé tellement fort contre le papier que les lettres avaient déteintes sur la page d'en dessous. Les ratures étaient tellement vigoureuses qu'elles avaient percées le papier par endroits. Quant au contenu, il exprimait réellement la colère de l'auteur lors de la rédaction. La raison de la rage, elle, n'était pas clairement exprimée mais quelques indices révélés qu'elle provenait d'une vie de couple difficile à supporter. Nathaniel, touché par ces violents mots qu'Alisa avait écrit, compris qu'il était la cause du suicide de sa bien-aimée, mais qu'avait-il fait pour qu'elle en arrive à cela, il n'en savait rien. Et les larmes lui montèrent aux yeux. Il abandonna donc sa lecture pendant cinq minutes pour se remettre de ses émotions et finir paisiblement d'étudier le manuscrit. Il descendit à la cuisine prendre un verre d'eau et nourrit le chaton qu'il caressa durant son repas avant de remonter à la bibliothèque. Fin près à terminer ce journal, il se rassit à la table de travail décidé à affronter la vérité.
Nathaniel rouvrit donc ce journal intime. Au fil de sa lecture, l'écriture rageuse s'adoucit pour laisser place au désespoir. Les lettres mal dessiné dévoilées le peu de conviction de l'auteur lors de l'écriture et les quelques taches d'encre diluées révélées des pleurs d'une Alisa effondrée. Par ci par là se divulguaient des explications au suicide da sa Douce et Tendre par des mots comme "délaissé" et "manque d'attention". Nath arriva enfin à l'achèvement de l'œuvre, les dernières phrases dans lesquelles l'auteur cri de toute son âme ses douleurs et ses peines :
"Cher Journal,
Je ne supporte plus cette vie dans laquelle cet homme ne me regarde plus pour ce que je suis et ne me vois qu'en tant que source d'inspiration. Ses regards vides et glacials me transpercent et me tuent un peu plus chaque jour.
Mon cher confident, aujourd'hui je te confie mon secret le plus précieux et le plus chérit de tous. Je suis effrayée et j'ai bien peur que cette confidence ne soit la dernière, alors prend soin de lui lorsque moi je ne pourrais plus…"
Nathaniel trouva derrière cette page une photo des plus invraisemblables. Une de ces images en noir et blanc obtenues à l'aide d'ultrasons. Des pieds, des mains, une tête, quelle étrange petit être… Un bébé, son enfant, leur enfant… Elle portait en son sein leur enfant. Pourquoi ne lui avait-elle pas dit ? Si, elle avait essayé, de nombreuses fois même. Mais lui était obnubilé par son art dévorant. Il l'a consumé petit à petit puis insatisfait il s'est attaqué à elle. Tout est donc de sa faute, il avait détruit sa vie et celle de sa Bien-Aimée par la même occasion… Ce poème lui revint en tête, et ce n'était pas un poème, juste l'expression du désespoir d'Alisa. Ces mots recommencèrent à lui torturer l'esprit. Il avait mal à la tête, horriblement mal. Il voulu se lever pour aller prendre un cachet mais ses jambes cédèrent sous son poids et il tomba brutalement au sol. Il ne sentait plus ses membres inférieurs. Un léger brouillard apparus lui obstruant la vue. La dernière chose qu'il vit fut le chaton qui le regarder souffrir. Puis il sentit une chaleur l'envahir. Ce n'était pas la douce chaleur d'un corps mais plutôt celle d'un feu vous brulant la chaire. Et cette odeur âcre qui l'accompagnait lui tournait la tête et en devenait insupportable. De la fumée venue d'on ne sait où pénétra dans ses narines, s'infiltra dans sa gorge, glissa le long de sa trachée pour rejoindre ses poumons. Il se mit à tousser, à tousser tellement fort qu'il avait l'impression qu'il allait recracher ses poumons. Il ne pouvait plus respirer, il manquait d'oxygène, il allait mourir. Mais la mort ne lui faisait plus peur. Après tout, il n'avait plus rien, il avait détruit son passé, son présent et son futur en la tuant elle. Il allait enfin la rejoindre et il en était presque heureux. Il laissa ses paupières tomber, le noir s'installa et il sombra dans un profond sommeil…
A l'autre bout du pays, un jeune homme latent se réveilla enfin d'un long et tortueux rêve. Ce qu'il vit en premier fut le plafond de l'hôpital dans lequel il dormait depuis déjà plusieurs mois. Quelques minutes après sont réveil, une infirmière apparut déconcertée, il était tellement rare de voir un patient se réveiller d'un coma long de plusieurs mois.
- "Monsieur ? Vous rappelez-vous de quelque chose ? Quel est votre nom ?
- Un rêve… Ce n'était donc qu'un rêve !", et le jeune homme se mit à rire.
Bien sur qu'il s'en souvenait de son nom, il s'appelait Nathaniel et cette fois ci il ne l'oublierait pas. Il observa attentivement cette chambre d'hôpital, heureux de savoir qu'il ne l'avait pas quitté depuis plusieurs mois. C'est alors que l'infirmière présente auprès de lui s'excusa d'être la seule personne à son chevet. Elle lui expliqua que personne ne lui avait trouvé ni famille, ni amis. Qu'il n'avait plus eut de contact avec personne depuis la mort de sa fiancée il y a cinq ans. Sa fiancée ? Mais quelle fiancée ?! Des images lui revinrent alors en mémoire. Des photos, pleins de photo de cette jeune fille. Il demanda affolé les causes de la mort de cette fiancée. Un suicide non expliqué. Maintenant, il avait une explication, il savait même s'il aurait préféré ne jamais savoir et oublier. Son rêve, non, son cauchemar avait pris un sens. Il avait peur, il avait froid, il avait chaud, les larmes lui montaient aux yeux, il était en colère. Des milliers de sentiments et de sensations l'envahissaient, il ne savait plus quoi penser ni ce qu'il ressentait. Il était totalement perdu dans un néant de souvenirs et de regrets. Egaré dans ce flot d'images incessant, l'une d'elle brillait plus que les autres. Une photo de sa maison, de leur maison. Lui qui ne savait que faire comprit qu'il se devait d'aller là-bas pour avancer, pour mettre le passé de côté et se projeter vers l'avenir. Mais pour cela, il devait se rétablir. Il donna alors toutes ses forces dans cet objectif.
Six mois plus tard, son médecin l'autorisa enfin à sortir. Il avait retrouvé l'adresse de sa maison et organisé sa visite là-bas pendant son séjour à l'hôpital. A sa sortie, il ne traina donc pris et pris immédiatement le bus approprié. En quelques heures, il se trouvait devant l'arrêt de bus le plus proche de chez lui, une vingtaine de minutes de marche et il serait à destination. Il croisa de temps à autre de vieilles personnes qui le regardaient bizarrement mais il ne releva pas. Pis, le moment tant espérer arriva, la maison apparu. Et quelle maison. Une carcasse, ce n'était plus qu'une carcasse. Une vieille femme qui passait par là le vit regarder cette maison, l'incompréhension et le désespoir dans les yeux.
- "Cela fait six mois qu'elle a brulé pour une raison mystérieuse… Tout aussi mystérieuse que la mort de la dernière jeune fille qui y vivait avec son fiancé d'ailleurs…"
Puis l'aïeule repartit sans un mot de plus. Nathaniel pensa alors que cela était impossible. Comment le Destin pouvait lui faire cela. Tout lui arracher une troisième fois. Ses souvenirs, sa fiancée, son foyer, il reperdait tout encore une fois. Comment était-il possible d'être aussi cruel ? Pourquoi ne s'acharner que sur lui ? La Terre était peuplée de milliard d'êtres humains, alors pourquoi lui et seulement lui ? Qu'avait-il fait de si mal pour subir toute cette colère divine ? Perdu dans son désespoir, une douce voix prononçant son nom lui parvint aux oreilles. C'était elle, sa douce, sa bien aimée, son amour éternelle. Puis son image apparut. Elle était là, souriante. Elle lui tendait la main, alors il leva le bras pour tenter de la toucher, de la caresser, de la tenir. Mais il était trop loin d'elle, alors il fit un pas, puis deux. Plus il s'approchait, plus elle s'éloignait. Il ne voulait la perdre encore une fois, il la suivit donc, marchant de plus en plus vite. Elle allait vers la maison qui rayonnait et il la poursuivait maintenant en courant. Puis, un bruit de klaxon étouffé, un choc fatal, un corps étalé sur le ciment dans une marre de sang. Sa béatitude pris fin. Son cauchemar était achevé. Le chaton, qui connaissait si bien, qu'il venait de poursuivre vers cette demeure en cendre, se retourna pour observer le massacre qu'il avait provoqué. Il repartit enfin vers la maison, indifférent à tout cela.