I.
Vingt heures trente et une, un bruit strident retentit dans tout le 4ème étage de l'hôtel Reima. Aussitôt, les clients des chambres voisines accourent. A l'exception des chambres 41 et 42, tous se trouvent être devant la porte d'où venait le bruit.
« Il ne répond pas ? J'enfonce la porte alors ! Dit Arthur, tout juste arrivé et haletant.
- On a déjà essayé mais impossible, quelqu'un devrait arriver avec le pass. » lui répondit Yanis.
Quelques instants plus tard le réceptionniste arriva, faisant un signe avec le pass. Au moment où la porte fut ouverte une expression d'horreur se dessina sur le visage de chacun d'entre eux, un homme était pendu au plafond.
Le détective de la fin du siècle
« Je vois, c'est ce qu'il s'est passé alors, dit le commissaire tandis qu'il prenait des notes.
- Oui.. J-Je suis encore choqué par ce qu'il vient de se passer, bafouilla Eric.
- Et vous dites que vous connaissiez la victime ?
- Il s'agit de William Peuchant, notre collègue, intervint Jessica.
- Vous êtes ?
- Jessica Wimber, et voici Eric, Yanis et Arthur. Ils occupent chacun une chambre de cette étage et connaissaient la victime, nous sommes du même bloc opératoire, dit-elle.
- Vous exercez en médecine ?
- Oui, en chirurgie. Enfin, William était le chef du bloc, j'assistait seulement. Yanis, Arthur et Eric étaient ceux qui opéraient.
- J'occupe la chambre 42, Yanis la 45, Jessica la 44 et Eric la 43. Je ne sais pas qui occupe la 41, ajouta Arthur, puisque nous sommes arrivés à 17 heures et qu'elle était déjà occupée.
- Très bien, merci pour ces informations. » conclua le commissaire.
Il rangea son carnet dans la poche de son manteau et se dirigea vers un jeune homme, en pleine réflexion face à la scène qui s'offrait devant lui. C'était un garçon d'environ 17 ans, habillé d'un costume noir dont la chemise blanche juste en-dessous faisait ressortir la cravate bleu marine. Il semblait remettre en question ce qu'il voyait, ce que les gens voyaient, et ce qui semblait si évident à comprendre. La raison de sa présence était relativement exceptionnelle, il se trouvait en effet en compagnie du commissaire lorsqu'on réclama la présence de ce dernier.
« Cela m'a tout l'air d'être un simple suicide, la porte était fermée de l'intérieur et bien que la fenêtre du balcon était ouverte, il est impossible de sauter depuis une autre chambre. L'enquête devrait vite se terminer.
- Mais vous ne trouvez pas ça étrange ?
- Qu'y a-t-il ?
- Regardez, la victime s'est pendue et pourtant le tabouret se trouve deux mètres plus loin, près de la fenêtre. Et puis rien n'explique d'où provenait le bruit qui a alerté les autres clients.
- Tu veux dire qu'il s'agit d'un meurtre ?
- Un chirurgien, chef de son bloc opératoire et en bonne santé, pourquoi se serait-il suicidé ?
- Adam, parfois il n'est pas nécessaire de tout remettre en question.
- Demandez tout de même les alibis de ces personnes, dit-il avant de se replonger dans ses réflexions.
- Tu devrais laisser la police faire son travail pour une fois » soupira le commissaire.
Une fois avoir dit ça, il procéda comme convenu. Les chirurgiens s'étonnèrent d'avoir à donner des alibis, cependant le commissaire insista dans l'idée que ce n'était qu'une formalité. Après certaines réticences de la part de Yanis, il accepta.
Pendant ce temps, Adam Ariem faisait le tour de la pièce. Tout lui semblait étrange. Il s'arrêta devant la porte et observa quelques instants, le cache du juda était relevé et la clef figurait bien dans la serrure. Lorsqu'il remarqua la présence d'un interstice en bas de la porte, son expression devint un peu moins sérieuse, laissant paraître un certain intérêt pour ce détail. Aussitôt il se dirigea dans le couloir, et comme il s'en doutait, aucune caméra. Mais il y avait toujours des points obscurs, à ce stade, il était impossible d'émettre une hypothèse correcte. Il interpella un agent pour lui demander s'il pourrait y avoir une autopsie, lequel acquiesa malgré une certaine incompréhension qui se lisait sur son visage. Une bonne attente serait nécessaire pour connaître les premiers résultats de l'autopsie, le jeune homme commença donc à enquêter en dehors de la chambre.
« Personne n'a mentionné la chambre 41 il me semble..» il toqua, personne n'ouvrit. La porte semblait aussi être fermée. Un employé du room-service passa à côté de lui avec un café et entra dans la chambre de la victime, Adam l'arrêta au dernier moment, puis lui expliqua la situation. L'employé comprit vite et retourna à son poste, l'air choqué. Adam quant à lui resta devant la porte et croisa les bras, plus aucun doute désormais, c'était un meurtre.
Plus tard dans le hall, lorsqu'il demanda à avoir la clé de la chambre 41, le réceptionniste lui indiqua que quelqu'un l'avait louée et devait être en train d'y dormir. Adam demanda le nom, c'était Yvette Girot. Pourquoi n'ouvrait-elle pas ? Il remonta et insista, puis demanda à de nombreuses reprises d'ouvrir, toujours rien. Avant qu'il ne s'inquiète, Jessica passa dans le couloir et s'étonna de le voir toquer à la porte.
« Je l'ai vue partir vers vingt heures, elle devrait revenir dans la soirée.
- Ah.. Merci de l'indication, lui répondit Adam.
- Vous êtes là, enfin ! s'exclama le commissaire.
- Alors, qu'en est-il des alibis ?
- Ils venaient tous de sortir de leur chambre, ils devaient se retrouver dans le couloir pour partir manger dans le restaurant de l'hotêl. Ce dernier se trouve au rez-de-chaussée.
- Eh bien, quel timing.
- C'est Eric qui aurait proposé l'idée après avoir entendu Jessica vanter les mérites de leur restauration, pendant que le groupe cherchait un endroit où dîner.
- Arthur n'était pas là ?
- Non, c'était le dernier à être encore dans sa chambre. Il dormait apparemment et c'est ce qui explique qu'il soit arrivé un peu après les autres. » Adam resta silencieux un instant, l'affaire ne cessait de se compliquer. Il remercia le commissaire et retourna à la réception demander un double des clés de la chambre 41, il demanda également si Yvette avait été aperçue mais le réceptionniste lui dit qu'il n'avait jamais revu Yvette depuis qu'elle était passée pour la première fois à la réception. Adam se gratta la tête et demanda à avoir un description détaillée de la personne concernée. Le garçon de l'hôtel commença à hésiter, en faite, il n'en savait rien. Lorsque cette femme était venue pour récupérer sa clé, elle portait un long manteau qui cachait son apparence et des lunettes noires accompagnées d'un chapeau, drôle de personne. Le lycéen remercia son interlocuteur et retourna au quatrième étage. La chambre 41 était parfaitement rangée, la lumière était éteinte et il n'y avait pas le moindre objet ou vêtement personnel appartenant à Yvette. Après avoir inspecté la pièce une dizaine de minutes, il trouva dans le placard de la chambre du chloroforme, une échelle ainsi qu'une corde. Dans un autre placard se trouvaient la tenue d'Yvette, il fronça les sourcils et s'en alla sans y toucher. Il éteint la lumière en sortant et ferma la porte, après avoir rendu la clé à la réception il remonta.
« Bon, maintenant vous allez nous laisser partir ! s'écria quelqu'un devant la chambre 41, c'était Yanis.
- Très bien.. Nous allons continuer sans vous alors... dit le commissaire sans fermeté.
- L'enquête ? Il serait temps d'arrêter plutôt, vous nous demandez des alibis et nous retenez, pourtant c'est évident, c'est un suicide ! La police a toujours été incompétente !
- ... Merci de votre coopération jusque-là, vous pouvez disposer.
- Enfin ! Je devrait me plaindre de ce que vous faites, dit Yanis en repartant avec ses collègues.
- Attendez ! S'écria Adam, tout juste arrivé.
- Quoi encore ? Le gamin qui joue au policier ? grogna Yanis.
- Sois un peu moins grossier, Yanis, lui dit Jessica.
- Que fais-tu ? chuchota le commissaire.
- Vous n'allez pas laisser le coupable partir tout de même ? lui demanda Adam plein d'assurance.
- Vous nous accusez ? s'étonna Arthur.
- C'est bon tu peux arrêter, on sait très bien que tu étais jaloux de son statut de chef du bloc. lui dit désagréablement Yanis.
- Pardon ! Et toi avec ton caractère ! répondit Arthur.
- Arrêtez voyons, on dirait des enfants reprit Jessica.
- Et toi tu ne supportait pas d'avoir perdu ton ancien rang de chef du bloc pour finir assistante, seulement à cause de tes problèmes de transpiration.
- Arrête ! dit fermement Jessica.
- Mais non, continuons ! Eric tu étais le mieux placé pour le tuer, car tu le détestait !
- C'est la vérité ? demanda le commissaire à Eric.
- Oui et je l'admet, face à son caractère c'est toujours moins valable pour tuer quelqu'un.
- C'est toi que je devrait tuer ! cria Yanis.
- Calmez-vous s'il-vous-plaît ! Sinon vous m'accompagnerez au poste, dit le commissaire afin de rétablir l'ordre.
- Humpf. fit Yanis.
- Jusqu'à la fin de l'enquête, vous resterez sous la surveillance d'agents, vous n'avez rien à dire.
- Je te laisse t'en occuper, dit le jeune homme au commissaire avant de s'éclipser. »
Il retourna rapidement sur les lieux du crime et reprit son enquête. Il ne lui manquait que quelques éléments pour compléter sa déduction, et ils se trouveraient sur la scène du meurtre, habilement déguisé en suicide. Tout d'abord, Adam alla enquêter sur le balcon. Ce tabouret renversé vers la fenêtre devrait servir d'indice pour comprendre l'origine du bruit qui a alerté tout le monde. L'obscurité de la nuit empêchait de voir distinctement à cette heure, déjà onze heures moins le quart ! En activant une petite lumière sur sa montre, il éclaira le balcon. Il y avait de nombreux copaux de bois au sol pour une raison inconnue. Adam éclaira un peu plus haut, vers la rembarde en fer du balcon, et il découvrit une drôle de marque sur celle-ci, comme si on avait frotté une corde dessus. Il y avait également la trace d'un petit choc, sûrement à l'origine des copaux.. C'était pour le moins étrange. Plongé dans ses recherches, il ne remarqua pas l'arrivée de l'agent derrière lui, l'autopsie était finie.
« Excusez-moi.. dit le policier en s'adressant à Adam, qui ne réagit pas. EXCUSEZ-MOI !
- AH ! s'écria Adam en frôlant de glisser. Ca ne va pas !
- Le premier rapport d'autopsie est arrivé.
- Oh, dites-moi alors.
- La cause de la mort est bien l'asphyxie, et nous avons relevé des traces d'alcool dans son sang. Jusque-là tout laisse penser au suicide mais.. On a aussi retrouvé des traces de somnifère dans son organisme, on pense qu'elles proviennent d'un des siens, puisqu'en effet il y avait un sachet de somnifères dans ses affaires.
- Je vois.. Adam semblait plus concentré que jamais, cette affaire était l'une des plus compliquées auxquelles il avait été confronté. D'où vient l'alcool ?
- J'ai d'abord pensé qu'il venait de la bouteille de vin près de la table mais on a pas retrouvé de traces indiquant qu'on ait bu à la bouteille, et aucun signe de verre ou de récipient pour boire.
- D'accord, merci alors je vais continuer seul, si j'ai besoin de vous je viendrai vous chercher. »
Il descendit du balcon et s'accroupit près de la bouteille de vin, il réfléchit une bonne dizaine de minutes puis rappela l'agent pour lui demander d'analyser le vin et d'y chercher les traces d'un somnifère. Lorsque l'agent revint il lui dit que non, la bouteille ne contenait rien d'autre que du vin.
« Je ne comprend pas.. Je ne comprend vraiment pas, pourquoi autant d'éléments vont à l'encontre de ma déduction ? J'étais pourtant sûr que c'était l'assassin... Non, il y a quelque chose que je n'ai pas envisagé, l'assassin n'a jamais été cette personne. Depuis le début c'était.. Si c'est le cas je devrait retrouver ça aux alentours de son véhicule. » Commença-t-il à penser.
Sans attendre il se rendit sur le parking face à l'immeuble et constata la présence d'autres copaux de bois, il continua d'avancer jusqu'au véhicule d'un des clients et y trouva ce pour quoi il était venu, tout s'éclaircissait.
Une fois remonté à toute vitesse, il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle et réfléchit à la formulation de sa déduction.
« Je ne resterait pas un instant de plus ! disait Yanis, impatienté.
- Ah vous voilà ! Adam la situation est compliqué, il est maintenant tard et ils ne supportent plus de rester là. Vous devez faire quelque chose, c'est vous qui avez engendré cela.
- Vous comptez faire partir le coupable comme cela commissaire ? Demanda-t-il sérieusement. L'expression de son visage était singulière, elle mélangeait sérieux, excitation, et mérite.
- Comment, vous savez qui l'a tué ?
- C'est impossible, qui est-ce alors ? s'écria Yanis.
- Chaque chose en son temps, tout d'abord rendez-vous dans la chambre 41, vous y trouverez de quoi endormir quelqu'un et maquiller le meurtre en suicide. »
Deux minutes plus tard, un agent revint avec l'échelle, le chloroforme ainsi que la corde.
« Il s'agit de la chambre d'Yvette Girot ? La police n'a pas réussit à la retrouver, il s'agit de la coupable, c'est ça ?
- Commissaire, la raison pour laquelle vous ne l'avez pas trouvée est relativement simple, ce personnage est actuellement parmi nous.
- Quoi ? Comment ça personnage ? demanda le commissaire.
- Oui, Yvette n'est qu'un personnage, et je vais vous expliquer pourquoi. En arrivant à l'hotêl, monsieur X parmi nos quatre suspects a réservé deux chambres. La première sous son propre nom, et la seconde sous le nom d'Yvette Girot afin de cacher ce matériel. Il est arrivé plus tôt dans la journée sous un imperméable et un chapeau, cachant son visage grâce à des lunettes sombres. Vous avez d'ailleurs dû les trouver dans la chambre ?
- Oui, dit un agent de police.
- Excellent, je reprends donc, monsieur X a récupéré les clés puis est monté à l'étage numéro 4, a déposé son matériel et ses affaires dans la chambre et est parti sans se faire remarquer grâce à la sortie de secours. Le but était simple, ne pas repasser devant la réception afin de faire croire qu'Yvette était toujours dans l'hotêl et pourrait servir à l'avenir de coupable pour le crime. D'ailleurs, la simple possession d'un tel produit suppose que le coupable travaille dans le milieu de la médecine, comment se le fournir autrement ?
- C'est très beau tout ça mais, qui est-ce ? demanda Eric.
- Cette personne s'est trahie à deux reprises, et vous devriez le savoir, non ? C'est la seule à être déjà venue içi, et qui puisse savoir qu'il y a un restaurant au rez-de-chaussée de l'hotêl. Oui, il s'agit de vous Jessica Wimber, vous êtes Yvette Girot !
- Pardon ! Cette excuse est absurde ! s'écria Jessica, outrée.
- Bien sûr que je ne m'appuie pas que là-dessus pour vous accuser, j'ai bien dit que vous vous êtes trahie à deux reprises, non ? J'ai commencé à vous soupçonner lorsque vous m'avez dit que vous aviez vu Yvette partir de l'hotêl. Ce que vous ne pouviez pas savoir, c'est qu'avant de me dire ça j'étais passé à la réception, et celui qui s'en occupe m'avait dit qu'Yvette devait être dans sa chambre, c'est-à-dire qu'il ne l'a pas vue sortir. Lorsque j'y suis retourné une seconde fois, il m'a bien indiqué n'avoir jamais vu repasser la propriétaire de la chambre 41 !
- Attendez un peu, comment a-t-elle pu entrer dans la chambre 46, elle était fermée je vous rappelle. coupa le commissaire.
- Pas besoin de passer par la porte, la fenêtre était ouverte et la chambre de Jessica est la mieux placée pour passer d'un balcon à l'autre.
- Mais c'est impossible pour une femme comme moi !
- Sauf avec cette échelle, vous aviez prévu de convaincre d'une manière ou d'une autre vos collègues de manger en bas. De cette manière vous pourriez facilement vous éclipser pour aller aux toilettes, enfin, normalement. En réalité il vous suffit de vous rendre sur votre balcon, de placer l'échelle d'un côté sur votre rembarde et de l'autre sur celle de la chambre 46, puis de passer en faisant attention à ne pas tomber. Vous saviez qu'avec la mauvaise entente entre Eric et lui il ne serait pas compliqué de dîner sans lui, il serait donc resté dans sa chambre. Une fois sur son balcon il faudra seulement toquer pour attirer l'attention de William qui vous ouvrira.
- C'est faux ! Je ne l'ai pas tué ! répétait Jessica.
- Et pourtant vous aviez tout prévu pour le faire, en effet, une fois la fenêtre ouverte vous l'auriez endormi avec le chloroforme et attaché au plafond avec une corde. Un tabouret l'aurait tenu debout, mais à son réveil la panique l'aurait fait glisser et se tuer tout seul, sans avoir besoin de votre présence.
- Mais Adam, vous oubliez qu'au final ils ne sont pas allés dîner, ajouta le commissaire.
- J'ai dit que Jessica avait prévu de le tuer, et c'est vrai puisque si vous cherchez, vous retrouverez sur elle ou dans ses affaires la clé de la chambre 41. Mais ai-je dit qu'elle l'avait tué ?
- Je ne vous suit plus. Dit le commissaire, en tournant le regard vers Jessica, transpirante et tremblante.
- Monsieur X est Jessica, mais il n'est pas le tueur puisque quelqu'un a agit avant lui. Des éléments vont dans ce sens, le cache du juda étant relevé par exemple prouve que William avait reçu de la visite, celle de son tueur.
- Il faut que vous m'expliquiez, finalement le tueur est passé par la porte ? Elle était fermée Adam !
- Absolument, répondit-il.
- Alors comment le tueur est-il ressortit ?
- Je vais vous montrer. »
Le jeune lycéen met sa main dans la poche de son pantalon, puis en ressort une ficelle et un bout de scotch. Il invite tout le monde à le suivre et sort de la pièce après avoir placé la clé dans la serrure du côté intérieur, à l'horizontale.
« Vous l'avez tous vu, j'ai accroché le bout de scotch sur la clé puis ait passé la ficelle qui y est reliée sur le côté de la poignée, puis sous l'interstice de la porte. Maintenant si je tire.. il tire et un clic se fait entendre. La clé pivote et verrouille la porte de l'intérieur, puis si je tire à nouveau d'un coup sec, le bout de scotch se détache et il ne me reste plus qu'à rembobiner la ficelle. il procède et tout marche comme prévu.
- Et ensuite ? Demanda le commissaire.
- Et avant plutôt, le tueur est venu rendre visite à la victime et l'a invité à boire. Pendant qu'ils discutaient, sûrement vers 19h ou un peu avant, le coupable a glissé l'un de ses somnifères dans le verre de William.
- Vous voulez dire l'un des somnifères de William, qui manquaient dans ses affaires ?
- Non, il s'en serait rendu compte. La victime a plutôt profité de son utilisation fréquente de somnifères pour qu'ils passent inaperçu lors d'une autopsie. Mais si l'un des siens avait été glissé dans son verre, il l'aurait réalisé. La plupart des somnifères n'étant pas effervescents il aurait fallu en utiliser un qui le soit. Le coupable est alors reparti comme si de rien n'était, afin que le somnifère agisse. La victime a commencé à ressentir les effets et a fait quelque chose d'imprévu, qu'un suicidaire ne ferait pas. Il a appelé le room-service pour commander un café, et lutter contre la fatigue. Ensuite le rendez-vous a été fixé et tous se sont rendus dans leur chambre respective pour se préparer, le coupable en a profité pour préparer son meurtre. Il est retourné dans la chambre 46 et a mis en place son stratagème.
- Mais si la porte était fermée à son retour ? Questionna le commissaire.
- Il suffisait de prendre la clé quand il est reparti, William ayant bu ne l'aurait pas réalisé tout de suite. Le stratagème revient à celui que j'ai dit plus tôt, accrocher la victime avec une corde et la maintenir avec un tabouret, sauf qu'il y aura un second tabouret placé entre le premier et la fenêtre. Le tueur sort une corde et l'attache au tabouret sous la victime, il la passe sous le second tabouret et l'envoie par-dessus le balcon. Il redescend et accroche la corde à son véhicule qu'il démarre. Lorsqu'il avancera, le tabouret sera envoyé par-dessus le balcon et renversera le second, étant censé être celui utilisé pour le suicide, le retrouver debout aurait été suspect. Le criminel est donc le seul n'ayant pas pu être présent à cet instant. Oui, il s'agit de lui. Le coupable c'est vous ! »
Sous les regards ébahis de chacun, Adam pointa Arthur du doigt. Il était finalement le coupable, à la plus grande surprise de tous.
« J'ai commencé à avoir des doutes vis-à-vis de vous lorsqu'on m'a dit que vous étiez arrivé après tout le monde. Bien sûr le bruit du tabouret heurtant la rembarde va attirer l'attention de tout le monde, vous pourrez donc arriver par derrière comme si vous veniez de votre chambre.
- Qu'aurais-je fait pour les verres ?
- Si vous les empilez puis que vous les placez sur la rembarde du balcon, le choc les fera tomber. Un autre possibilité serait de passer la corde dans la poignée du verre avant de l'attacher au tabouret, et de les faire partir avec.
- Vous oubliez autre chose, personne ne m'a vu sortir de l'hotêl, cela prouve que j'étais bien dans ma chambre.
- Et la sortie de secours ?
- Elle ne s'ouvre que de l'intérieur, je ne peux pas revenir sans passer par la réception donc.
- Comment le savez-vous ?
- Qu- Pardon ? demanda-t-il en essuyant une sueur froide sur son front. Beaucoup d'hotêls fonctionnent comme ça.
- Mais vous étiez censé n'être jamais venu dans celui-là. Et puis désolé de vous contredire mais il est bel et bien possible d'utiliser la sortie de secours de l'extérieur, il suffit de la bloquer avec par exemple un caillou lorsqu'on l'utilise en sortant pour revenir ensuite par le même endroit.
- Arthur, c'est vrai...? demanda Eric, inquiété.
- Vous n'avez aucune preuve ! cria-t-il.
- Si j'en ait une, tout d'abord on devrait retrouver le tabouret près de votre véhicule. Egalement, ce qui va prouver votre culpabilité, c'est vos empruntes digitales sur la bouteille de vin !
- C'est.. Impossible, non...
- Le mobile était de libérer la place de chef du bloc, je me trompe ? Vous auriez automatiquement été choisit pour ce poste vacant et votre salaire aurait été augmenté.
- J'avais des dettes.. Et c'était de sa faute, il m'extorquait de l'argent. Alors je suis allé le voir pour lui donner ce qu'il m'avait réclamé, et l'ai tué.
- Vous avouez, donc ? demanda le commissaire.
- Oui.. Je n'ai plus rien à nier, vous pouvez m'emmener.
- Attendez là ! Pour qui vous prenez-vous, demanda Yanis, perdant patience à nouveau. Vous n'êtes qu'un adolescent en pleine crise, de quel droit accusez-vous les gens ?
- Je suis aussi un détective, voilà mon droit. »
Suite à cette enquête, les deux chirurgiens se retrouvèrent en prison et Adam fit la une de nombreux journaux. La police commencera à faire de plus en plus appel à lui pour résoudre des affaires, et il sera enfin reconnu comme étant le premier détective lycéen.