Mesdames messieurs, j'ai l'honneur de vous présentez ici l'histoire de Georges le baobab.

Ce texte a été écrit lors d'une nuit de la plume sur un autre forum. Pour un texte écrit en une heure il est plutôt rondement mené. Il est très court et le thème était la savane. 

Georges le Baobab.

 Il était une fois en pleine savane, un baobab prénommé Georges. Cet habitant à-part-entière était l'un des éléments les plus apprécié de la faune et de la flore environnante. Il était robuste et élégant et toujours aimable, quoiqu'un peu loquace. On venait prendre le thé parmi ses branches; les lions et autres prédateurs lui vouaient un respect guindé mais cordial. Il n'y avait guère que les hyènes qui venaient uriner à son pied. Il ne s'en offusquait pas, jugeant ces bêtes de toute façon trop bêtes pour respecter quelqu'un, se dédaignant déjà entre elles. Il coulait donc une vie heureuse au milieu des herbes hautes, les branches toujours tournées vers le ciel et le soleil implacable.

Les plus jeunes l'appelaient « Papy Georges » et lui réclamait sans cesse de nouvelles histoires. Il avait heureusement assez de siècles derrière lui pour être une source innépuisable de récits. Il fut entre autre le témoin du peuplement de la savane par les animaux, puis de l'installation de certaines peuplades et des massacres qui s'en suivirent, parfois. Les plus jeunes réclamaient d'ailleurs les histoires les plus sanglantes, et Georges aimait les effrayer en leurs contant d'une voix caverneuse (de baobab) qu'au fil des années, ses racines s'étaient nourries du sang des morts. Le public étaient alors traversé d'un frisson. Cette légende contribuait à installer un respect entre la savane et le baobab. Toutefois, aucune mémoire ne se souvenait d'avoir un jour vu ce drôle d'arbre s'énerver. Arrivé à la saison des fruits, il distribuait les siens gracieusement et de manière équitable. Quand venait la saison des amours, il offrait le couvert aux jeunes amants avec en prime un splendide couché de soleil sur la savane.

Mais un jour, des hommes en camion arrivèrent près de Georges et se mirent à hurler des ordres tout en sortant un attirail fort peu sympathique. Les animaux fuirent, les plantes essayèrent de se déraciner en vain et assistèrent impuissantes à la tragédie qui suivit. Certains prirent une gigantesque scie, d'autre des pelles et des pioches, et tous ensemble ils commencèrent à déraciner et trancher Georges le baobab. L'intéressé se mit à donner des coups de branches violents et à gronder en silence. Mais les hommes plus habiles coupèrent les ramifications vengeresses. Georges eut l'impression qu'on lui arrachait les membres. En face de lui se tenait un chamane qui faisait de grands gestes saccadés, semblant presser les hommes de déraciner ce fichu végétal. L'agonie dura 7 jours. Quand Georges tomba enfin, les hommes récupérèrent ses racines magestueuses et s'en allèrent comme ils étaient venus, laissant la carcasse inerte du baobab au milieu de la savane. Doucement les animaux se rapprochèrent et commencèrent à exprimer leur tristesse. Les plus jeunes se blottir contre l'écorce de l'arbre, la caressant comme si cela pouvait le ramener à la vie. Mais Georges avait cessé d'être, et ce pour toujours.