La première chose que je vit fut des étoiles, je les vit dans une quantité si astronomique que cela me fit penser à un autre monde, cela me fascina. Ce qui était sûr, c'est que j'étais loin de ma ville polluée. Lorsque mon regard commenca à se détourner du ciel, je comprenait un peu mieux la situation, je me relevait, lentement, jusqu'à me dresser debout et seul dans ce qui semblait être une forêt. Mon premier réflexe, utile quoique un peu étrange, a été de me convaincre que je ne rêvait pas. Rien de plus simple, je me bouchait le nez et essayait de respirer malgré ça.. Impossible, c'était donc la réalité. Où était-je ? Je criait pour demander s'il y avait quelqu'un, mais un silence total se réinstallait après chaque appel. Je décidai donc de m'enfoncer dans la forêt, à mes risques et périls.

Durant cette marche, qui amorçait sans que je le sache ma perte, beaucoup d'idées me traversèrent l'esprit. Bien que je sois très occupé à écarter les feuillages sur mon passage et à voir dans le noir, à essayer de voir tout du moins, j'arrivait à réfléchir sur ma situation. Je n'en savais pas beaucoup, juste que j'étais là, voilà tout. Subitement, tel un flash, je me rappelait de mon portable qui était dans ma poche. Je le saisi d'une telle vitesse qu'il frôla de tomber en sortant, peu m'importait, je l'allumait... Pas de réseau, évidemment, mais sa batterie presque pleine me permettrait de m'éclairer un long moment, un lot de consolation plus que suffisant.
Après une dizaine de minutes de marche pénible, je réussi à voir un vieux cabanon à quelques mètres de moi, peut-être le signe que je sortait de la forêt ? Arrivé face à la cabane, son état complètement délabré m'arracha mes espoirs, aucune chance que cela appartienne à un habitant proche. J'ouvrai tout de même la porte par curiosité, laissant un grincement interminable résonner dans la forêt. Mon flash éclairait un interrupteur, sur le mur face à la porte, je m'avançait dans la salle sans regarder autour et l'activait. Tout s'alluma subitement, révélant une scène terrifiante qui me glaça le sang, mes doigts laissèrent mon portable tomber sur le sol et glisser entre les planches en bois pourries du cabanon. Vous voulez savoir ce que je voyait ? N'est-ce pas ? C'était mon nom, inscrit sur tout les murs du cabanon avec du sang qui devait d'ailleurs appartenir aux tripes figurant sur l'établi. Partout mon nom, toujours la même chose, à une exception près au-dessus de ces tripes "Wanna play a game ?". Je sorti du cabanon en trombe mais immédiatemment, je me rappelait mon portable qui était tombé. Sans lumière je n'irait pas loin dans la forêt, surtout avec un psychopathe ou un farceur derrière-moi, j'espérait bien sûr avoir à faire au farceur. Je retournai sur mes pas et tenta vainement de glisser mes doigts tremblant entre les lattes du plancher, impossible d'aperçevoir le flash du portable, y avait-il un sous-sol plus bas ? A coup d'efforts, j'activai sans le vouloir un bouton caché sur le sol qui révéla une trappe. Aucune idée à se faire, je ne faisait que récupérer mon portable. Mes pas se firent lourds sur les marches de l'escalier dérobé, j'arrivait dans une salle obscure où reposait mon portable sur le sol. Pas de fissure, tant mieux ! Ma tête tourna lentement vers la sortie, qui se ferma d'elle-même. Une grosse montée d'adrénaline me fit monter en courant l'escalier dont les vieilles marches cédèrent sous mon poids, me faisant chuter d'un ou deux mètres et perdre connaissance.

Je me réveillait à nouveau, la tête en bas et avec de légers vertiges. Immobile, j'écoutait autour de moi.. Il y avait des bruits de chaînes très proche. La lumière de la pièce d'à côté m'éblouit, je fit semblant d'être encore insconscient, un oeil entrouvert. Lorsqu'une silhouette hideuse entra dans la pièce et traîna un cadavre dans la pièce d'où elle venait, je dû me forcer à retenir un cri. Une fois l'homme sortit je tournai la tête et vit une pile de morts, j'hurlai.. Enfin, j'essayait mais aucun son ne sortit de ma bouche, tant mieux pour moi. J'essayait de me ressaisir et réfléchit à un moyen de me libérer de la chaîne qui me pendait des pieds au plafond, j'abandonnait mes chaussures qui restèrent pendues seules. Avec la discrétion d'un clou qu'on enfonçait dans un mur, je tombait sur le sol. Des pas arrivèrent, une cachette, vite.
Une minute plus tard, j'étais toujours là.. Choqué plus que jamais. L'homme à la lumière de sa pièce avait révélé un physique monstrueux comme on en voyait dans les films d'horreur, il était venu vérifier que tout allait bien et face à mes chaînes vides, sorti en courant pour probablement me rattraper. Je ne voulait pas savoir ce qu'il comptait me faire, je patientait quelques secondes supplémentaires et m'éloignait de ma planque, la pile de morts..
Le sol était flasque, plein de sang frais ou sec, parfois même dans une substance plus que suspicieuse, je devait me forcer pour avancer avec cette terreur qui me serrait l'estomac. Un choix s'offrait à moi, la porte empruntée par le tueur, ou celle de la salle où il était au départ, devinez celle que j'ai empruntée.

En entrant dans sa pièce, une odeur nauséabonde me fit vomir mon repas, c'était une boucherie humaine. J'avançai en me bouchant le nez, une expression de dégoût profond sur le visage. Où étais-je tombé sincèrement, c'était un véritable cauchemard. Je vous épargne la description de la salle, très sanglante si vous voulez savoir, moi-même j'aurai préféré ne jamais assister à ça malgré mon intérêt pour l'horreur en général. Par chance, je trouvait rapidement une porte de sortie, enfin, si on en croyait le sang dessus qui écrivait le mot "Exit ?". J'arrivai dans un escalier légèrement glauque, mais où l'on se sentait mieux qu'à côté. Boîtant de peur comme si ma jambe avait percuté quelque chose, je descendait les marches qui tournaient avec peu d'assurance. Il n'y avait même pas de rampe, juste un grillage qui nous enfermait dans les marches. Une fois ma descente terminée, mon portable était étrangement posé sur le sol face au cul-de-sac qui me bloquait, je plaçais rapidement ma main sur ma poche qui était effectivement vide. Il y avait une fissure et un peu de sang sur l'écran, quelqu'un y avait forcément touché. En l'allumant, le fond d'écran me terrifia, c'était moi pendu par les pieds. Ma respiration se fit rapide et pénible..

Je remarquai ensuite un message non lu, provenant d'un numéro inconnu malgré l'absence de réseau. "You seem to be scared, do you think you choose the right door ?" Mon coeur se serra, le bruit des chaînes revint rapidement et des pas de géant résonnaient désormais dans l'escalier. On descendait pour moi. Pris de panique, je cherchait l'échappatoire qui n'existait pas, l'escalier n'avait pas d'issue. A moins de revenir sur mes pas et de croiser mon poursuivant, il n'y avait rien à faire. Je saisit mon courage à deux mains, fit face à l'opposant, j'avais un plan.
Une fois face à face, je tremblait de peur en voyant le tueur, hachoir à la main. Il se rua sur moi tandis que, pris par la peur, je ratait presque ma manipulation. Avec une panique ridicule, je réussi cependant à éblouir l'homme qui rata son coup, et une course poursuite débuta dans les escaliers.
Courant comme jamais, je montait les marches deux par deux, avantagé par ma carrure par rapport au physique du poursuivant. Je le distançait peu à peu, claquant toute les portes derrière moi. Très vite, je retournai dans la salle de départ et emprunta l'autre porte, mais elle était fermée.. Je paniquait, totalement. Rapidement, je retirait le couteau de la chair d'un cadavre et pris en embuscade mon poursuivant. Il s'écroula sans vie sur le sol, un couteau enfoncé dans l'arrière du crâne. Toujours tremblant, j'étais rassuré d'avoir gagné et me calmait peu à peu. Je saisit la paire de clefs sur la ceinture du mort et ouvrit la porte, débouchant dans une nouvelle salle. Durant dix minutes je visitait les lieux ensanglantés, cherchant une sortie, j'arrivait finalement dans une pièce vide éclairée d'une lumière unique, où une chaise était recouverte d'un drap. Tout se verrouilla, nouveau message non lu. Mon angoisse revint, une porte de sortie, une d'entrée verrouillée, et un unique meuble qui semblait accueillir quelque chose caché par un drap. "And if the killer was not the butcher ?"
La lumière commença à clignoter, je ne bougeait plus, j'observai, paré à toute éventualité. J'avais invraisemblablement regagné ma combativité, par miracle j'étais là, toujours debout, désormais je m'étais convaincu que j'en ressortirait vivant. Que le tueur ne soit pas le boucher, soit ! Qu'il vienne à moi. Le drap se leva, je serrai mon portable dans ma main.
Plus de lumière.

J'activait le flash de mon portable, la respiration forte, le chaise était vide. Calme-toi.. Il doit être là, dans la pièce. Avec le flash, j'éclairait part par part la salle, sans succès. Mais il était là, j'en étais sûr. C'est alors qu'un bruit de raclement de gorge survint, s'intensifiant. J'éclairait rapidement le plafond et une nouvelle vision horrifique emporta en grande partie le courage qui m'animait précédemment. Une femme, avec le drap en lambeaux lui servant de robe, était au plafond la tête retournée et avec l'apparence d'un arachnide, ses avant-bras étaient ceux d'une mante religieuse. Elle accélera contre le mur et hurla en se rapprochant de moi, je me précipitai vers la porte de sortie et donnait de brusque coups en hurlant, elle me rattrapa et d'un coup de faux soudain me frôla la joue. Je saignait faiblement, elle, avait coincé un de ses membres dans la porte. Je reculait de terreur, profitant de cet instant de vulnérabilité pour saisir la chaise et la fracasser contre le crâne de la femme araignée. Mauvaise idée, elle hurla encore plus fort et la lumière se ralluma. Ebloui, je fermait les yeux et tentait vainement de ne pas la perdre de vue. Impossible, le temps que mes yeux s'habituent à la lumière la pièce était vide et la porte ouverte, trouée du coup de faux de la femme. Je traversai ce qu'il restait de la porte et arriva dans un couloir rouge, non ce n'était pas de la peinture. Le mur derrière moi s'activa soudain, sortant des pics et se rapprochant de moi, jamais de ma vie je n'ai foncé dans une porte aussi brutalement. Cela me valu d'entrer en fracas dans la salle suivante, roulant dans les escaliers et m'arrêtant au pied des marches. J'avais le crâne en sang, je me relevait et à ma grande surprise, un homme fin se tenait devant moi. Pas d'échappatoire, il me saisit pendant que j'étais encore sonné et m'attacha à une chaise. Il était très maigre, une blouse tâchée de sang était son seul habit. Je vous laisse deviner mon horreur lorsqu'il ouvrit son matériel de chirurgie encore frais du sang de ses autres victimes. Je tombait dans les vappes.

Une vive douleur me ramena à moi, c'était une lame qui pénétrait dans ma chair. Je vous épargne cette expérience que j'ai vécu, mais c'était vraiment horrible. Au seuil de l'inconscience, ce fou me laissa en cadeau un couteau dans la chair et s'en alla. Péniblement et au prix de mes efforts, je retirait le couteau et détachait mes liens. Le reste de mon avancée dans le bâtiment se fit extrêmement péniblement, je trébuchai partout et perdait beaucoup de sang, je voyais trouble. Je me souviens que j'avais croisé de nombreux fous parlant tout seuls, des gens déformés et plus de cadavres qu'autre chose. J'avais l'impression de perdre la tête, tel que j'avais perdu des bouts de ma peau. Au bout de nombreuses minutes, j'ouvrait une porte qui m'éblouit, mais ce n'était pas une lumière artificielle, c'était la lumière du jour.. Derrière des barreaux. Je n'étais séparé de ma liberté que par ces barres en fer, je tombait au sol de fatigue. Nouveau message non lu "This game will end with me", des bruits des pas se firent alors entendre, impossible de voir l'individu, je tombait dans l'inconscience, doutant de me réveiller un jour.

Mais je me réveillait, pour voir le déclencheur de ces évènements. Il portait un masque glauque et parlait avec un voix trafiquée. J'étais trop mal au point pour comprendre ce qu'il me disait, mais je retint un nom : Primesin. Il me l'avait gravé à la lame sur le dos disait-il.
J'étais apparemment dans le cabanon du début, il m'avait traîné içi. Il me laissa en companie d'un message et me souhaita bonne chance. "Tu gagnes quand tu survis, trouve rapidement un moyen pour retirer cette boule de fer que tu as dans le ventre.. Si elle s'enclenche dans deux heures, ses pics risquent de te retirer la vie avec souffrance." Impossible de me relever, j'allais trop mal. Je soulevait mon T-shirt tandis que j'étais au sol pour découvrir une énorme plaie recousue sur mon ventre, c'était vrai. Je me traînait à l'extérieur du cabanon à la force de mes bras, découvrant la dernière surprise de mon assassin en posant la tête dessus. Il m'avait laissé un piège à ours à la sortie du cabanon. Mon nom est Axeils Esall, personne ne pourra confirmer que j'ai survécu, mais suis-je réellement mort ce jour-là ?